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Un Repas Gratuit Est Supérieur À Tout ! Urgesat ! Urgçnep !

 
Un Repas Gratuit Est Supérieur À Tout ! Urgesat ! Urgçnep !
 

 
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Sylvain



 
 
 

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30.4.03
 
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Pascal Salin : « Libéralisme »
Edition Odile Jacob (2000)

Un livre important que ce « Libéralisme » de Pascal Salin, c’est lui qui m’a converti au libéralisme et je ne suis pas le seul !
Il y a si peu d’auteurs français libéraux de nos jours que ce livre paru chez un éditeur renommé a fait l’effet d’une bombe. Il y avait bien eu bien sûr les essais d’Henri Lepage en Poche Biblio dans les années 70 et 80 ainsi que quelques titres édités aux « Belles Lettres » un peu plus tard mais bon, les auteurs libéraux français doivent avoir l’impression de prêcher dans le désert (ce n’est d’ailleurs peut-être pas seulement une impression...).

Pascal Salin est professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine. Il a déjà publié une demi-douzaine de livres sur différents problèmes économiques comme la monnaie ou le libre-échange vs le protectionnisme. Il intervient régulièrement dans la presse (notamment dans « Le Figaro ») et a appelé à voter Alain Madelin aux élections présidentielles françaises de 2002.

Mais revenons maintenant à ce fort volume de 500 pages.
Organisé en cinq parties, tous les aspects du libéralisme sont examinés dans un ordre à la fois logique et didactique.

Pascal Salin commence par rappeler le niveau d’exigence qui est le sien : le libéralisme est le seul véritable humanisme et il s’emploie à le prouver. Contrairement à ce que l’on croit souvent, le libéralisme n’est pas qu’économique, il est d’abord une éthique et une morale de la liberté individuelle et de la responsabilité. Ses adversaires sont toutes les idéologies collectivistes ou « constructivistes » appelées ainsi car elles prétendent pouvoir construire un ordre rationnel volontaire organisé par une minorité « éclairée », comme si la société était une machine. Le problème du constructivisme est qu’il ne peut fonctionner qu’avec des êtres humains parfaits bien différents des « hommes réels ». De là, les appels répétés à construire un homme nouveau qu’on trouve dans le nazisme et le communisme par exemple. De là, également, la tentation de supprimer par la violence les « hommes anciens » irrécupérables...

Dans un système social-démocrate comme celui dans lequel nous vivons, ce constructivisme se traduit par la mise en place d’un Etat omniprésent qui tente de régir tous les aspects de notre vie, par la prolifération de lois et règlements de toutes sortes qui finissent par donner un Droit incompréhensible, par des décisions arbitraires prises sous la pression des groupes d’intérêts les mieux organisés et les plus puissants et par des atteintes répétées et de plus en plus graves à la propriété privée légitime et à la liberté d’expression.

Dans une deuxième partie, Pascal Salin examine les fondements du libéralisme que sont la propriété, la responsabilité et la liberté.
La propriété privée, si décriée (« La propriété, c’est le vol » disait Proudhon, le mot a fait fortune), correspond pourtant à la vraie compréhension de l’activité humaine. L’être humain est d’abord propriétaire de son corps. Il ne peut être réduit en esclavage. Ensuite, il est propriétaire des richesses qu’il a produites et personne ne peut légitimement les lui prendre. Que les voleurs s’appellent gangsters ou agents des impôts ne fait aucune différence.Enfin, l’être humain est propriétaire des biens qu’il a volontairement échangés. Car contrairement à ce que croient les socialistes, le problème n’est pas la juste répartition de la richesse créée on ne sait pas trop comment, mais le respect de l’imagination et de l’ingéniosité des hommes dans l’invention et la création de cette richesse. C’est seulement dans ces conditions que la prospérité du plus grand nombre est possible, c’est en tout cas ce que nous enseigne l’histoire de l’Occident depuis le 18 ème siècle.
Dans une véritable société libre, la question de la définition et de la précision des droits de propriété légitimes sera nécessairement une question très importante.

La responsabilité est indissociable de la liberté. Il est normal que les hommes subissent les conséquences aussi bien positives que négatives de leurs actes et qu’ils soient prêts à les assumer. C’est ce qui rend la vie en société possible.
A contrario, l’être humain assisté que nous rencontrons si souvent de nos jours n’est pas libre.

La troisième partie du livre est consacrée justement à l’organisation sociale légitime pour un libéral. Pascal Salin redéfinit ce qu’est réellement une entreprise (ce n’est pas inutile, loin de là, vu l’inculture économique généralisée dans la France d’aujourd’hui) et examine différents processus économiques comme la formation des monopoles par exemple. Il faut oublier ce que nous répètent les médias sur ces questions car il ne s’agit que de désinformation.

La quatrième partie s’intitule : « La restauration de la responsabilité ». Question cruciale : après avoir posé les bases morales et éthiques du libéralisme, il faut maintenant proposer des solutions concrètes aux problèmes de l’heure.
L’auteur examine successivement des problèmes très actuels comme :
-l’immigration (« la liberté d’immigrer, un droit fondamental »),
-la légitimité éventuelle de l’existence des « espaces publics »,
-la liberté de rouler (problème des lois criminalisant des comportements qui ne nuisent pas forcément à quelqu’un),
-le problème de savoir si la protection sociale est préférable à la protection individuelle (réflexion très importante en ces temps où le déficit de la sécurité sociale fait périodiquement la une des journaux sans qu’on arrive à discerner une solution valable),
-le problème qui devient strident de la « protection » de l’environnement. Pascal Salin raconte par exemple l’histoire extraordinaire de ce Britannique qui avait réussi à créer des fermes dans lesquelles il élevait des tortues marines pour leurs écailles. Une réglementation d’inspiration écologiste est passée par là : les tortues marines étant désormais protégées, les fermes ont dû fermer mais comme le braconnage subsiste et ne pourra jamais être totalement supprimé, les malheureuses tortues sont plus menacées que jamais...

La cinquième et dernière partie du livre examine des problèmes dont les bien-pensants nous disent qu’ils relèvent de la compétence exclusive de l’Etat (ou des Etats) : les impôts (expression parfaite de la violence étatique), les politiques macro-économiques (qui sont une véritable escroquerie intellectuelle, qui n’ont jamais eu le moindre effet positif mais qui permettent aux hommes de l’Etat de justifier et d’accroître sans cesse leur pouvoir) et la mondialisation (devenue le croque-mitaine des esprits totalitaires d’aujourd’hui).

A de nombreuses reprises dans ce livre, Pascal Salin rend des hommages appuyés aux grands intellectuels libéraux qu’ont été Frédéric Bastiat, Ayn Rand, Ludwig von Mises, Murray Rothbard et Friedrich Hayek. Il réactualise de façon brillante leur message d’espoir et d’optimisme en l’avenir de l’homme.

Ce livre est donc une synthèse originale servie par une écriture à la fois riche, claire et précise.

Sylvain

Extraits :

« On oublie par ailleurs souvent que raisonner de manière scientifique ne consiste pas à écrire des équations, mais d’abord à faire un effort conceptuel, à savoir de quoi on parle, à être capable de préciser le sens des concepts que l’on utilise et à développer rigoureusement un raisonnement. Et l’on s’aperçoit alors que bien souvent on erre dans un brouillard de mots et qu’on ne sait pas très bien d’où l’on vient et où l’on va, faute d’une discipline de pensée. »
Pascal Salin : « Libéralisme », page 13

« En réalité, la seule victoire de l’époque actuelle est celle de la social-démocratie, c’est-à-dire la combinaison de l’omnipotence d’une minorité élue et de l’économie mixte (définie non pas seulement par l’existence de nombreuses activités étatiques, mais aussi par une fiscalité forte et discriminatoire ou des réglementations tentaculaires). On est loin de la liberté individuelle. Ce qui est vrai, c’est que cette social-démocratie manque singulièrement d’appui idéologique et de souffle spirituel. Elle est une sorte d’armistice dans la guerre civile des intérêts organisés. Mais elle n’est pas, elle ne peut pas être une fin des idéologies. Son absence de relief intellectuel ne doit pas cacher qu’elle s’inspire d’une « philosophie » particulièrement contestable : elle traduit la domination du pragmatisme et du scepticisme et pour cette raison même, elle ne peut pas annoncer la fin de l’idéologie. »
Pascal Salin : « Libéralisme », page 22

« Comme nous le savons, la justification fondamentale du marché, ou plus précisément d’un système de droits de propriété privés et de choix individuels, n’est pas l’efficacité d’un tel système - pourtant indéniable - ou sa capacité à assurer le « bien commun ». Sa justification est d’ordre moral : le marché fondé sur des droits de propriété légitimes est « juste » parce qu’il est conforme à la nature humaine et qu’il permet donc l’exercice de la responsabilité individuelle. »
Pascal Salin : « Libéralisme », page 330

29.4.03
 
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David Friedman : « Vers une société sans Etat »
Ed. Les Belles Lettres (1992).
Edition originale : « The Machinery of Freedom » (1989).
Traduction : Françoise Liégeois.

« Dans l’état socialiste idéal, le pouvoir n’attirera pas les fanatiques du pouvoir. Les gens qui prennent les décisions n’auront pas la moindre tendance à favoriser leurs intérêts personnels. Il n’y aura pas moyen, pour un homme habile, de détourner les institutions pour les mettre au service de ses propres fins. Et on verra les crocodiles voler. »
David Friedman : « Vers une société sans Etat », page 165

Ah ! L’Etat, cette construction monstrueuse qui nous opprime, menace nos libertés, nous rançonne, qui prétend monopoliser l’usage de la violence pour notre propre bien et qui finira par diriger chacun des actes de notre vie si nous le laissons faire...
L’Etat qui fait tout pour penser à notre place...
Ce mythe, cette fiction qui est la principale cause des guerres du vingtième siècle...
L’Etat ? Ou plutôt les hommes de l’Etat, car l’Etat comme entité abstraite n’existe pas alors que les présidents de la république, les gouvernements, les fonctionnaires, les ministres et autres parasites de toutes sortes, existent bien, eux et ne se laissent pas facilement oublier !

La question centrale devient donc : comment se passer de l’Etat ? Comment arriver à le supprimer ? Par la Révolution ? Par une évolution progressive ? Question difficile, certes mais pour paraphraser quelqu’un qui a dit « ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il ne faut pas le faire », je dirai que ce n’est pas parce qu’il n’est pas facile d’imaginer une transition vers une société sans Etat qu’il faut s’empêcher d’y réfléchir.

David Friedman est le fils du célèbre économiste libéral Milton Friedman. Il est lui aussi économiste et nous livre dans cet ouvrage sa réflexion sur ce que serait une société où les hommes seraient vraiment libres de mener leur vie sans embêter leurs voisins. Utopique, n’est-ce pas ?

La première partie est une défense et illustration de la propriété privée et donc de la liberté d’entreprendre qui sont les seuls fondements connus de la prospérité. Attention, la propriété privée, ce n’est pas n’importe quoi. Pour résumer, c’est d’abord le droit sur sa propre personne puis le droit sur sa propre production et enfin, le droit sur ce que vous échangez volontairement avec les autres.
Sujet très important, la « question sociale » n’est pas esquivée, au contraire et l’auteur montre de façon très convaincante que tout le monde serait gagnant dans une société libre. Il existe des arguments très forts pour prouver que les crises économiques, notamment la grande crise de 1929, sont dues aux interventions intempestives et surtout incompétentes des hommes de l’Etat. Imaginez l’histoire du XXème siècle sans cette crise économique en 1929...

La deuxième partie est une illustration concrète de ce que serait le démantèlement progressif de l’Etat. Contrairement à ce que l’on croit souvent, il a existé et il existe encore de nombreux « services publics » aux Etats-Unis. David Friedman passe en revue certains d’entre eux et propose de les privatiser. Il commence par les écoles et les universités et poursuit avec les rues (si, si, c’est possible !), la Poste et le programme spatial. On imagine la diversité des situations...
Entre deux, quelques réflexions sur la véritable fonction des réglementations étatiques, la démocratie, etc.

« Imaginez cent personnes assises en cercle, chacune ayant sa poche pleine de pièces de un cent. Un politicien marche à l’extérieur du cercle, prenant un cent à chacun. Personne n’y prête attention : qui se soucie d’un cent ? Lorsqu’il a fini le tour du cercle, le politicien jette 50 cents devant une personne, qui est ravie de cette aubaine inattendue. On recommence le processus, en terminant avec une personne différente. Au bout de cent tours, chacun se retrouve plus pauvre de 100 cents ; plus riche de 50 cents, et heureux. »
David Friedman : « Vers une société sans Etat », page 164

La troisième partie est la description d’institutions viables dans un cadre libertarien. Comment assurer sa sécurité, faire appel à la justice et définir le Droit dans une société libre ? Par le marché et la concurrence, toujours dans le respect de la propriété privée légitime bien sûr.
Si des boulangeries privées et concurrentes produisent un pain en général d’excellente qualité, pourquoi des entreprises privées et concurrentes de protection individuelle ne produiraient-elles pas une sécurité d’excellente qualité et pourquoi des tribunaux privés et concurrents ne produiraient-ils pas un Droit d’excellente qualité ? Je sais, au début ça choque mais en y réfléchissant, en étudiant l’histoire et le fonctionnement des Etats aussi bien anciens que modernes, il vaut la peine de se poser ces questions et on arrive à des conclusions extraordinaires.

Enfin la quatrième partie est constituée d’articles consacrés à divers problèmes sans lien entre eux. Cela va d’une critique de l’utilitarisme au problème de la monnaie en passant par le Droit dans l’Islande médiévale et un chapitre consacré à G.K. Chesterton. Les centres d’intérêt de David Friedman sont très divers et il parvient à chaque fois, me semble-t-il, à renouveler le sujet.

Ce qui est passionnant dans ce livre, c’est que l’auteur est toujours tourné vers le concret. Peu de grands principes ici mais une foule de réflexions sur ce que serait la vie réelle dans une société libertarienne. Aucune question difficile n’est esquivée, l’auteur n’hésite pas à faire part de ses interrogations et même parfois de ses doutes (sur la défense nationale par exemple), d’où un sentiment de grande honnêteté intellectuelle et une approche des problèmes des plus stimulante.

Sylvain

P.S. : ne pas rater l’annexe 2 qui s’intitule « Mes concurrents » et qui est une mine de renseignements bibliographiques et de bonnes adresses sur le libertarianisme.

P.P.S. : je signale aux amateurs de Science Fiction que l’excellent Robert Heinlein fait partie des dédicataires de ce livre.

Une dernière citation :
« Ne demandez pas ce que l’Etat peut faire pour vous. Demandez ce que les hommes de l’Etat sont en train de vous faire. »
David Friedman : « Vers une société sans Etat », page 33

NOUVEAU : le blog de David Friedman est ICI.
 
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Murray Rothbard : « L’éthique de la liberté »
Edition Les Belles Lettres (1991).
Edition originale : « The Ethics of Liberty », 1982, nouvelle édition en 1989.
Traduction : François Guillaumat et Pierre Lemieux.

Et voilà, je m’attaque à l’un des classiques de la philosophie politique libertarienne (il fallait bien que ça arrive).
Cet ouvrage est donc une tentative pour fonder philosophiquement et en Droit la Liberté.

La première partie est consacrée au « Droit naturel ». Il s’agit de la partie la plus abstraite, la plus proprement philosophique aussi. Murray Rothbard réaffirme l’existence d’une « nature humaine » qui est à l’origine d’une éthique objective de la Liberté. A noter que le concept de « nature humaine » a été redécouvert et réhabilité par les découvertes des sciences cognitives.
Il explique également la différence et l’opposition entre le « droit positif » que nous connaissons et le « Droit naturel » qui est le seul droit juste.

La deuxième partie est le morceau principal de cette « Théorie de la Liberté ». L’auteur définit les droits de propriété légitimes et l’échange volontaire avant d’examiner des problèmes concrets comme la légitime défense, la propriété de la terre (problème fondamental dans certains pays), l’information, etc.
Il s’attaque également à des problèmes difficiles comme les droits des enfants et critiquent violemment des thèmes à la mode comme les prétendus « droits des animaux ».
L’ensemble offre un panorama théorique impressionnant et se veut optimiste dans la possibilité d’inscrire concrètement les idées de la révolution libertarienne.

La troisième partie est consacrée au problème de « l’Etat contre la liberté ». Tout est dit, l’Etat est par définition liberticide, fondé sur la violence et le mensonge, il n’a aucune légitimité. Court mais efficace... et tellement vrai ! La solution est donc nécessairement la suppression totale de l’Etat, toute tentative d’établissement d’un « Etat minimal » étant vouée à l’échec car tout Etat a d’abord pour fonction de se protéger lui-même et, ensuite de grossir le plus possible.

Dans une quatrième partie, M. Rothbard examine des théories de la Liberté élaborées par d’autres auteurs. Parmi eux, sont ainsi sévèrement critiqués Von Mises, Hayeck et Nozick.

Dans une trop courte cinquième partie, l’auteur esquisse ce que serait une stratégie pour faire advenir la société libertarienne de ses rêves, ce qui ne sera pas une mince affaire. Il s’agit bien d’un projet révolutionnaire et Rothbard examine d’ailleurs brièvement certaines caractéristiques des mouvements marxistes.

Je voudrais mentionner deux points qui me paraissent soulever des difficultés :

1 : Dans le chapitre 14 (deuxième partie), l’auteur pose le problème du Droit concernant les enfants.
Les parents sont-ils vraiment « propriétaires » (même avec des limites) de leur(s) bébé(s) comme l’affirme Rothbard ? L’avortement est-il vraiment légitime ? Je n’en suis pas sûr. Mais il est vrai qu’il faut toujours soigneusement distinguer ce qui relève du Droit de ce qui relève de nos propres préférences morales.

2 : Dans le chapitre 25 (troisième partie), Murray Rothbard examine le problème des relations internationales entre Etats et trouve bon tout ce qui peut affaiblir l’Etat qui nous opprime. Il trouve normal la lutte en faveur du désarmement nucléaire en donnant comme raison que l’usage de telles armes est injuste car ne permettant pas de cibler les agresseurs et uniquement eux. Je regrette qu’il n’examine pas le cas historiquement avéré où l’Etat dont nous sommes victimes est en concurrence avec d’autres Etats qui oppriment beaucoup plus durement leur propre population et ne demandent qu’à élargir le cercle de leurs victimes. Le premier résultat d’un désarmement nucléaire unilatéral des Etats-Unis dans les années 40 à 80 aurait été un renforcement du communisme mondial et peut-être sa victoire définitive. La question mérite au moins d’être posée.

Ce livre est passionnant de bout en bout, il remet en cause radicalement toutes les idées qui nous entourent. Murray Rothbard peut paraître un peu extrémiste mais il est cohérent et ses raisonnements sont solides. Une lecture indispensable.

P.S. : je remercie mélodius de son insistance à recommander la lecture de ce livre. Il s’agit vraiment d’un « classique ».

Sylvain

20.4.03
 
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Guy Milière : "L'Amérique monde : les derniers jours de l'empire américain"
Ed. François-Xavier de Guibert (2000)
Préface de Pascal Salin.

Au milieu du flot de boue et de haine qui submerge les médias et l'édition française dés qu'il est question des Etats-Unis, je voudrais rappeler l'existence de cet essai qui tranche radicalement par son sérieux et son honnêteté.

Guy Millière connait bien les Etats-Unis et son récit est fascinant. Il examine à travers ses lectures et ses rencontres la réalité américaine selon un point-de-vue libéral.
Il consacre ainsi des chapitres à l'économie, la finance, l'éducation, la santé, la religion, etc.
Il n'esquive pas, au contraire, les sujets qui, ici en France, servent à démontrer que les Américains sont vraiment mauvais comme la pauvreté, le racisme et la culture. Et il arrive à prouver, me semble-t-il, que ce qu'on entend couramment est faux ou déformé. Les Etats-Unis ne sont pas le paradis sur terre, bien sûr, mais ils sont ce qui s'en rapproche le plus, un signe indubitable (parmi d'autres) étant l'immigration qui est toujours à un haut niveau aux USA.

En passant, Guy Mollière nous explique combien Ronald Reagan a été un grand président et nous éclaire sur le fonctionnement de la justice américaine, un autre domaine systématiquement mal-compris chez nous.

Les livres "objectifs" ou "favorables" à l'Amérique étant rarissimes en France, la lecture de ce bouquin m'a vraiment fait très plaisir.

Sylvain

PS : une curiosité quand même : le sous-titre !... car à lire ce livre, l'"empire américain" a encore de beaux jours devant lui !

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Ronald Reagan : « Ecrits personnels »
Editions du Rocher (2003).
Préface d’Alain Griotteray.
Traduction : Guy Millière.

Après avoir été gouverneur de la Californie de 1967 à 1975, Ronald Reagan fut président des Etats-Unis de 1981 à 1988. Guy Millière présente et traduit avec ce livre un recueil de textes écrits par Reagan lui-même.
La plupart de ces textes sont des chroniques lues à la radio dans les années 75 à 79, mais il y a quelques textes plus récents comme l’adieu de Reagan qui date de 1994 (après qu’on lui ait diagnostiqué une maladie d’Alzheimer) et d’autres remontant à son enfance.
Reagan a écrit un peu sur tous les sujets et les textes présents ici sont classés en plusieurs parties : la philosophie de Reagan, politique étrangère, économie et politique intérieure, autres écrits.

En politique étrangère, Reagan recommande la plus grande fermeté face au péril et à la subversion communiste. Il faut se rappeler que dans les années 70, nombreux étaient ceux qui pensaient que l’Union soviétique et ses satellites avaient fait la preuve de la supériorité du socialisme. La lucidité de Reagan et la justesse de son diagnostic sont frappants : pour lui, le communisme est une aberration dont les jours sont comptés. Ce n’est pas l’URSS qui est puissante, ce sont surtout les Américains et leurs alliés qui se sont affaiblis.

En économie, on retrouve la même lucidité. Dénonciation de la « planche à billet », de l’interventionnisme croissant des politiques dans tous les aspects de la vie quotidienne, de l’emballement dans la production de lois et de règlements en tous genre que personne ne maîtrisent plus, du « politiquement correct » dans l’éducation, etc. Il critique même la politique des subventions publiques aux agriculteurs !
Ces critiques sembleront classiques, et parfois insuffisantes, aux libéraux que nous sommes mais Reagan est devenu président par la suite et a donc pu appliquer, au moins en partie ses idées. Les Américains n’y ont trouvé que des avantages (baisse incroyable du chômage, diminution de la pauvreté, expansion économique, innovations technologiques, etc.). Cet essor économique, ainsi que la relance consciente de la course aux armements, sera l'une des causes de la fin du communisme en URSS.

Ce qui est extraordinaire, c’est que nous, en France, en sommes toujours au même point. La plupart des critiques reaganiennes des années 70 sont toujours valables dans la France actuelle. Pas étonnant si la France bat des records de chômage et de pauvreté et si les libertés sont toujours plus menacées !

Donc, pas d’erreur, la vision de Reagan est bien « libérale classique » et non libertarienne. L’Etat doit se recentrer sur ses missions de protection intérieure et extérieure et laisser les gens, « nous, le peuple », comme disent les Américains, vivre leur vie.

Un livre important pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des idées, à l’histoire des Etats-Unis et aux remèdes concrets à apporter aux maux qui rongent l’Europe.

Sylvain

P.S. : une critique quand-même sur cette édition : il n’y a ni sommaire, ni index, ce qui rend la consultation après lecture difficile et un peu hasardeuse.

 
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Stéphane Courtois : « Du passé faisons table rase ! »
Ed. Robert Laffont (2002.

« Le livre noir du communisme » est un gros volume publié en 1997. Une demi-douzaine d’historiens tentaient sous la direction de Stéphane Courtois de faire le bilan du communisme sous l’angle de la violence qu’il a exercé partout où il a pu : le sous-titre du livre était d’ailleurs « Crimes, terreur, répression ».
L’accueil a été pour le moins mouvementé. En France, relativement peu de voix se sont élevées pour souligner le sérieux du travail de ces historiens et la qualité de leurs recherches. En revanche, la plupart des journalistes et intellectuels de gauche se sont acharnés sur les conclusions de Stéphane Courtois qui devant l’omniprésence du crime dans le communisme tentait de comprendre le pourquoi de toute cette violence. Il a été insulté et traîné dans la boue comme personne depuis les grandes heures du stalinisme triomphant.

Depuis, le temps a passé et le « Livre noir » a été publié dans 25 pays. Bien souvent, la traduction a été complétée par un chapitre qui fait le point sur les crimes communistes dans le pays en question.

Le livre publié en octobre 2002 sous le titre

« Du passé faisons table rase ! Histoire et mémoire du communisme en Europe »,

toujours sous la direction de Stéphane Courtois et toujours aux éditions Robert Laffont est organisé autour de la traduction en français de ces « suppléments » qui représentent un peu plus de la moitié du livre. On a ainsi de nouveaux chapitres de l’histoire des crimes communistes consacrés à l’Estonie, à la Bulgarie, à la Roumanie et à l’ex-Allemagne de l’Est. S’ajoutent encore un chapitre sur le communisme italien et un chapitre consacré aux communistes grecs.

La deuxième moitié de l’ouvrage est constituée d’une part par une longue introduction de Stéphane Courtois qui fait le point sur la question et qui répond à certains de ses détracteurs et, d’autre part, par des chapitres plus généraux qui examinent l’usage de la violence par les communistes.

Si vous vous intéressez à l’histoire du communisme - et qui pourrait y être indifférent ? - ce livre est passionnant et tout aussi terrifiant d’ailleurs que le « Livre noir ». Nous savons tous que les communistes ont commis des crimes atroces mais là, on se rend compte que la réalité était encore bien pire que ce que nous croyions.

L’amnésie à l’égard des crimes du communisme et la complaisance envers cette idéologie que l’on rencontre encore trop souvent sont vraiment inacceptables.

Sylvain

Références complémentaires :
- « Un pavé dans l’histoire : le débat français sur "Le Livre noir du communisme" » de Pierre Rigoulot et Ilios Yannakakis (Laffont, 1998) ;
- « "Le Livre noir du communisme" en débat : les critiques, les auteurs, mémoire et jugement », revue « Communisme » n°59-60 (éd. L’Age d’Homme, 2000).

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Colin Turnbull : « Les Iks : Survivre par la cruauté : Nord Ouganda »
Edition originale : « The Mountain People » (1972).
Editions françaises : Stock (1973) et Plon, col. "Terre humaine" (1987).
Réédition : Pocket n°3024.
Traduction : Claude Elsen.

Les Iks (environ 2 000 personnes) sont un peuple de chasseurs vivant dans le nord de l’Ouganda. Après l’indépendance du pays au début des années soixante, le gouvernement ougandais a créé un parc naturel protégé sur une grande partie du territoire traditionnel de chasse des Iks et les a désarmé. Les Iks étaient censés se convertir à l’agriculture pour survivre. Le problème est que les territoires qui leur ont été proposés étaient très arides et impossible à cultiver. Les Iks sont donc resté sur leur territoire ancestral et ont commencé à souffrir de la faim.
Cette famine a durée des années et a eu des conséquences sociales incroyables : la société iks s’est désagrégée et chaque individu s’est isolé des autres. Rien n’y a résisté, ni la famille, ni la religion traditionnelle. Tout les moyens sont devenus bons pour survivre à n’importe quel prix.
Les parents ne sont pas solidaires entre eux et ne s’occupent de leurs enfants que jusqu’à l’âge de trois ans, après quoi, ils doivent se débrouiller seuls. Les vieillards sont abandonnés et on n’hésite pas à littéralement leur retirer la nourriture de la bouche.

Colin Turnbull, déjà un ethnologue chevronné à l’époque, s’est retrouvé un peu par hasard en mission chez les Iks et a passé un an avec eux en 1965-1966. Ce livre est son témoignage sur ce qu’il a vu et a vécu. Les situations historiques comparables sont les conditions de vie dans les camps de concentration nazis (notamment à Auschwitz) et la grande famine en Ukraine des années 1932-1933.

Je regrette que l’auteur qui tombe parfois dans un discours un peu moralisateur, n’insiste pas plus sur la responsabilité écrasante des « hommes de l’Etat » ougandais qui ont préféré protéger des animaux au détriment d’êtres humains.

Le livre est complété par le texte d’une pièce de théâtre inspirée du livre et mis en scène par Peter Brook. On trouve également une postface de Jean Malaurie, le directeur de la collection, intéressante mais trop politiquement correcte (Ah, la « loi de la jungle du marché » !) et un témoignage de Joseph Towles, un jeune ethnologue noir américain qui a accompagné Colin Turnbull. Un mot sur ce dernier texte, écrit bien après les faits en 1987 : Towles est tellement obnubilé par sa joie de fouler la terre de ses ancêtres qu’il n’a presque rien vu de l’inhumanité que décrit Turnbull. Un décalage impressionnant !

Un livre à lire pour voir de quoi l’être humain est capable dans certaines conditions extrêmes.

Sylvain

Extrait :
« Il ne faut donc pas s’étonner si la mère rejette son enfant lorsqu’il a trois ans. Elle l’a nourri au sein, de mauvais gré, et s’est occupée de lui pendant trois longues années ; désormais, il n’a qu’à se débrouiller. Avant qu’il ne sache marcher, elle le porte sur son dos, attaché par une lanière de cuir. Lorsqu’elle s’arrête quelque part, à un trou d’eau ou dans son champ, elle détache cette lanière et laisse littéralement le bébé tomber par terre, en riant s’il se fait mal, comme je l’ai vu faire plus d’une fois à Bila ou à Matsui ; puis elle vaque à ses occupations sans plus s’occuper de lui, souhaitant presque qu’un prédateur l’en débarrassera.
Un tel abandon s’est produit alors que j’étais à Pirré, et la mère en fut ravie ; elle était débarrassée de son enfant ; elle n’aurait plus à le porter et à le nourrir, et en outre cela signifiait qu’il y avait dans les parages un léopard qui serait plus facile à tuer lorsqu’il dormirait après avoir mangé l’enfant. Les hommes se mirent en route, trouvèrent effectivement le léopard endormi (il avait mangé l’enfant, sauf une partie du crâne), le tuèrent, le firent cuire et le mangèrent, enfant compris. »
Pocket, page 109

A propos d’un autre ethnologue très célèbre :
« Le même professeur Leach est aussi plutôt caustique à l’égard de l’expérience sur le terrain du professeur Lévi-Strauss. Je cite : « Dans tous ses voyages au Brésil, Lévi-Strauss n’a jamais pu rester au même endroit plus de quelques semaines... Il n’a jamais voulu parler couramment avec un seul de ses informateurs indigènes dans sa langue maternelle. »
Denis Cannan in « Les Iks », Pocket, page 312.


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Patrick Declerck : « Les naufragés »
éd. Plon (2001), col. Terre Humaine
rééd. Pocket n°11846 (2003)

Depuis que je m’intéresse au libéralisme, j’ai toujours trouvé importantes et intéressantes les analyses et les réponses apportées à la « question sociale ». Autrement dit, que deviendraient dans une société libre, les plus pauvres et les plus démunis d’entre nous ? Et d’abord, y aurait-il des miséreux et des clochards dans un tel monde ?

Ma conviction est que plus une société est libre, libérale ou libertarienne, meilleur sera le sort des plus pauvres. On doit pouvoir le démontrer mais ce n’est pas mon propos ici.
(Je pense que le taux de chômage dans un pays, par exemple, est inversement corrélé au degré de liberté.)

Le livre que je voudrais présenter est à la fois un témoignage et une enquête sur le sort des clochards aujourd’hui à Paris. L’auteur est à la fois psychanalyste et ethnologue. Il a lui-même vécu un certain temps dans la rue et a ouvert la première « consultation d’écoute » destinée aux SDF en 1986.

Le nombre d’abord : environ 15 000, rien qu’à Paris, à vivre en permanence dans la rue.
Les conditions de vie sont atroces, la violence, l’alcoolisme sont omniprésents. Les maladies sont courantes, mal soignées et invalidantes, les « addictions » aux médicaments et aux drogues très courantes.
Le récit de l’auteur est impressionnant. A aucun moment, il ne tombe dans le misérabilisme. Non, la misère n’ennoblit pas l’homme, au contraire, elle l’avilit. Des extraits de témoignages écrits par des clochards sont aussi insérés dans le livre.
Patrick Declerck est aussi très critique sur les pratiques institutionnelles visant à « réinsérer » des gens qui ne l’ont probablement jamais été.

Dans une deuxième partie du livre, l’auteur tente de comprendre comment on peut en arriver là. A entendre les clochards eux-mêmes, leurs parents étaient très souvent désunis, leur femme les a quitté et l’alcool a achevé le travail. Patrick Declerck pense que l’alcoolisme est souvent premier et que la souffrance doit remonter loin dans le passé de ces individus, peut-être même, dit-il, à la vie intra-utérine.
C’est là que le livre m’a paru insatisfaisant. Je ne pense pas que les concepts psychanalytiques utilisés par l’auteur expliquent grand chose et je trouve qu’il prend trop à la lettre les affirmations des clochards, alors qu’il dit lui-même que ces derniers finissent par élaborer une sorte de discours passe-partout que les travailleurs sociaux et autres psychologues qui les côtoient s’attendent à entendre.
Il faudrait faire une sorte d’enquête de police pour tenter de reconstituer le parcourt des SDF afin de tenter de comprendre ce qui leur est réellement arrivé.
On pourra également être gêné par une présence, certes discrète mais quand-même, de l’imagerie marxiste concernant la « responsabilité » de la société. J’imagine l’auteur incapable de dépasser les clichés trotskistes de sa jeunesse, mais ça, c’est surtout une question de culture...

Par-delà ces réserves, voilà un livre passionnant sur les plus pauvres des plus pauvres.

P.S. : pour continuer la réflexion, voici un lien vers un texte de Pascal Salin sur le problème du salaire minimum obligatoire et l’exclusion que ce mécanisme crée :
"Le SMIC, machine à exclure"

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Guy Sorman : "Les enfants de Rifaa : musulmans et modernes"
Ed. Fayard (2003)
(compte-rendu rédigé en février 2003)

Ce livre est le résultat d'une enquête d'un an de l'auteur dans un certain nombre de pays musulmans.
Guy Sorman est bien connu pour ses idées libérales. Son premier livre, déjà une enquête, s'est appelé "La révolution conservatrice américaine".

Dans ce nouveau livre, il nous fait voyager au Maroc, en Turquie, en Egypte, en Indonésie, au Koweit, etc. Le titre est une référence à Rifaa el-Tahtawi, un théologien égyptien qui voyagea à Paris au 19e siècle et qui, de retour dans son pays tenta de concilier sa foi musulmane et le savoir occidental. "Les enfants de Rifaa" sont donc des musulmans qui tentent d'acclimater certaines valeurs et certaines méthodes inventées en Occident en terre d'islam.

Guy Sorman est un observateur passionné par son sujet, subtil dans ses observations et très nuancé dans ses jugements. Il évite soigneusement tout manichéisme et ne perd jamais de vue ses idées politiques et morales libérales.

Tout, dans ce livre est passionnant mais je retiendrai plus particulièrement :

1 : l'appel aux Occidentaux pour qu'ils révisent leur politique étrangère qui se borne trop souvent à soutenir des tyrans sous prétexte de juguler l'islamisme (démarche similaire à celle d'Alain Madelin sur le même sujet) ;

2 : il soutient la pression américaine sur l'Irak visant à rendre inoffensif cette dictature (Guy Sorman rappelle que le "baasisme", l'idéologie officielle du régime, est inspiré du fascisme des années trente) ;

3 : le récit de son voyage en Arabie Saoudite qui nous montre une réalité beaucoup plus nuancée que l'image que nous en avons en Europe : le régime saoudien n'est certes pas une démocratie mais il est beaucoup moins violent avec son propre peuple que la dictature militaire égyptienne par exemple ;

4 : l'appel à dépasser les images d'Epinal sur l'islam et sur les Arabes et à soutenir les musulmans libéraux dont, trop souvent, nous ne savons même pas qu'ils existent !

La partie du livre qui appellera le plus la controverse est peut-être le chapitre consacré à Israël : Guy Sorman est Juif mais anti-sioniste. Il ne porte pas Israël dans son coeur et pense que cet Etat est condamné à disparaître.
On pourra également ne pas être aussi enthousiaste que lui en ce qui concerne l'"affirmative action" à l'américaine...

Un dernier chapitre est consacré au "problème arabe" de la France actuelle : là aussi, il est nuancé mais direct dans ses opinions et on se demande comment on a pu ne pas voir ce qu'il nous dit ! Guy Sorman pense qu’il n’y a pas de problème avec l’islam en tant que tel en France mais un problème plutôt « ethnique »avec les Kabyles et les Arabes immigrés en France.
Il incrimine surtout la politique du logement social qui induit la constitution de véritable ghettos (il fait remarquer que les immigrés qui s’en sortent sont d’abord ceux qui ont quitté les cités) et l’école qui est incapable de choisir entre l’intégration dans le sens traditionnel du terme et un véritable multi-culturalisme. L’école en crise, est donc, dit-il, tombée dans le « rien ».

Un dernier mot sur le style : lumineux !


 

 
   
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