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Un Repas Gratuit Est Supérieur À Tout ! Urgesat ! Urgçnep !

 
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Sylvain



 
 
 

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17.12.05
 
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Sylvain

14.9.05
 
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Ludwig von Mises : "La Bureaucratie".
Éditions françaises :
1 : Librairie de Médicis (1946).
2 : Institut Charles Coquelin (2003), précédé d'une présentation de la vie et de l'œuvre de Charles Coquelin ainsi que d'une bibliographie de Ludwig von Mises.
Édition originale : "Bureaucracy" (1944).
Traduit de l'anglais par R. Florin et P. Barbier.

Ludwig von Mises (1881-1973) est l'un des économistes libéraux les plus importants du XXè siècle. D'origine autrichienne, il émigre aux États-Unis en 1934 pour fuir le nazisme et enseigne ensuite l'économie à l'université de New York.
Si ses ouvrages sont presque totalement absents de nos jours de l'édition française, de nombreux textes sont disponibles sur Internet (voir ci-après, les "liens" indiqués à la fin de cet article).
Il faut donc se féliciter du travail de l'Institut Charles Coquelin qui vient de rééditer un petit ouvrage de Ludwig van Mises : "La bureaucratie".

Initialement édité en 1944, ce texte est paru dans un contexte difficile pour les libéraux. Si les totalitarismes nazis, fasciste et japonais sont en passe d'être détruits, la dictature communiste de Staline fascine des millions de gens dont beaucoup d'intellectuels. En Occident, le "New Deal" de Roosevelt qui est un processus d'étatisation de l'économie américaine a plutôt bonne presse tandis que le parti travailliste britannique parle presque ouvertement d'instaurer une dictature socialiste. En France, les projets du Conseil National de la Résistance entreront bientôt en application avec leur cortège de nationalisations et la création du Commissariat général du Plan en 1946.
Quelques voix s'élèvent pourtant pour dénoncer l'intervention de État dans la vie économique et la menace que cette intervention fait peser sur la démocratie. On connaît bien sûr le célèbre essais de Friedrich A. Hayek "La route de la servitude" qui date de 1944 mais on peut aussi mentionner "La défaite des vainqueurs" du Français Louis Rougier publié en 1947.

Pour Ludwig von Mises, la bureaucratie n'est pas un phénomène nouveau et pour lui, certains secteurs de l'organisation sociale fonctionnent forcément sous la forme bureaucratique : la justice, l'administration, l'armée, la marine sont explicitement mentionnés page 49 tandis que la police et l'administration fiscale le sont page 134. Pour Mises, le respect des lois régulièrement votées par le Parlement ainsi que le contrôle du budget que celui-ci doit exercer garantissent que les fonctionnaires n'empièteront pas sur les libertés individuelles et que les citoyens échapperont à l'arbitraire.
Les problèmes commencent quand toute une partie de la population ne voit son avenir que dans la fonction publique et ignore complètement le monde de l'entreprise. Quand dans le même moment, le Parlement renonce volontairement à exercer ce pour quoi il a été conçu, les libertés individuelles sont menacées et la démocratie est en danger.
Au passage, Mises dénonce des idées dont le but serait "l'amélioration" de l'efficacité de la bureaucratie comme par exemple nommer des entrepreneurs du privé à la tête des administrations.

Mais qu'est-ce que la bureaucratie ? C'est essentiellement un monde dans lequel il est impossible de savoir si les ressources utilisées sont employées au mieux. Comme les notions de profits, de calculs économiques et donc de satisfaction du client n'y ont pas court, il est impossible de connaître l'efficacité réelle d'une administration, ni même de savoir si cette efficacité existe. Les fonctionnaires et autres bureaucrates ne supportent jamais personnellement les conséquences éventuellement négatives de leur travail. Ils dépendent avant tout de ce que pensent d'eux leurs supérieurs hiérarchiques. La bureaucratie est donc le règne opaque de l'irresponsabilité.
Comme garde fou, Ludwig von Mises en appelle à l'esprit de responsabilité des citoyens-électeurs et leur demande de s'informer des lois rationnelles qui gouvernent l'activité économique. Les électeurs comprendront par là et d'eux-mêmes le message qu'ils doivent transmettre aux politiques. Mises est bien ce qu'on appelle aujourd'hui un "minarchiste" c'est-à-dire quelqu'un qui pense que l'on peut et que l'on doit réduire la taille de État à ses fonctions essentielles.

Les problèmes que posent cette conception sont importants. Mises note bien que les fonctionnaires sont aussi des électeurs et donc que leur vote est d'abord l'expression de la défense de leurs intérêts propres au détriment de l'ensemble de la population. Que faire si les fonctionnaires et autres personnes dépendantes des subsides de État sont majoritaires dans le corps électoral ?
Par ailleurs, comment convaincre les électeurs des bienfaits du libre-échange quand les médias et le système éducatif y sont résolument hostiles ? Mises pense que la vérité s'impose d'elle-même face aux démagogues car elle correspond à la réalité du monde. Par ailleurs, il rappelle que la liberté d'expression est essentielle pour les libéraux.
Très hostile aux idées socialistes qui par définition sont des idées totalitaires, Mises voit bien les dangers qui nous menacent mais les solutions qu'il propose apparaissent comme très insuffisantes pour protéger vraiment les libertés individuelles.
Le problème du minarchisme est qu'il est impossible d'imaginer un système qui empêcherait l’État de croître à nouveau après une hypothétique cure d'amaigrissement. Ce problème fondamental se rencontre également chez un auteur qui fut l'élève et l'ami de Ludwig von Mises : Friedrich Hayek.
Ce sont des auteurs comme Murray Rothbard et David Friedman qui chacun à leur façon iront plus loin et proposeront des réflexions mettant à mal la légitimité de l'État en tant que tel.

Sylvain

P.S. : à noter une excellente initiative des éditeurs de l'Institut Charles Coquelin qui ont inclut un index dans la réédition de 2003. Bravo !

Extraits :

"Le totalitarisme est bien autre chose que la simple bureaucratie. C'est la soumission totale de l'individu, dans le travail et dans le loisir, aux ordres des dirigeants et des fonctionnaires. Il réduit l'homme à n'être qu'un rouage dans un mécanisme de contrainte et de coercition qui embrasse tous les aspects de la vie individuelle. Il oblige l'individu à renoncer à toute activité que l'État n'approuve pas. Il transforme la société en une armée du travail admirablement disciplinée, disent les défenseurs du socialisme, en un bagne, répliquent ses adversaires. En tout cas, il rompt de façon radicale avec le mode de vie auquel les nations civilisées étaient traditionnellement attachées. Avec lui l'humanité ne se contente pas de retourner au despotisme oriental sous lequel, ainsi que l'a noté Hegel, un seul homme était libre et tous les autres esclaves, car les monarques asiatiques n'intervenaient pas dans la vie quotidienne de leurs sujets. L'agriculteur indépendant, le pasteur, l'artisan gardaient un champ d'activité que le roi et ses satellites ne venaient pas troubler et jouissaient d'une certaine autonomie dans la conduite de leur maison et de leur famille. Il en va autrement dans le socialisme moderne, totalitaire au sens strict du mot. Il tient en bride l'individu de la naissance à la mort. A toute heure, le "camarade" est tenu d'obéir implicitement aux ordres venus de l'autorité suprême. L’État est pour lui à la fois le gardien et l'employeur. L’État détermine son travail, sa nourriture et ses plaisirs. Il lui dicte ce qu'il doit penser et ce à quoi il doit croire."
"La bureaucratie", page 22.

"Il n'est pas nécessaire de s'attarder sur ce que les nazis avaient réalisé en ce domaine. Ils avaient réussi à éliminer entièrement de la conduite des entreprises la recherche du profit. L'entreprise libre avait disparu dans l'Allemagne nazie. Il n'y avait plus d'entrepreneurs. Ceux qui avaient été entrepreneurs étaient réduits au rôle de "Betriebsführer" (directeur d'établissement). Ils ne pouvaient diriger comme ils l'entendaient ; ils étaient tenus d'obéir sans réserve aux ordres venus du Bureau Central d'Organisation de la Production, le "Reichswirtschaffsministerium", et des organismes qui lui étaient rattachés pour chaque branche et pour chaque région. L’État ne se contentait pas de fixer les prix et les taux d'intérêt à verser et à réclamer, le niveau de la production et les méthodes à utiliser pour la production ; il attribuait un revenu défini à tout directeur d'établissement, le transformant ainsi pratiquement en un fonctionnaire salarié. Pareil système n'avait, à part l'emploi de quelques termes, rien de commun avec le capitalisme et l'économie de marché. C'était simplement le socialisme de type allemand, la "Zwangwirtschaff". Il ne différait du modèle russe, système de nationalisation intégrale, étendue à toutes les usines, que dans le domaine technique. Et c'était, évidemment, au même titre que le système russe, un type d'organisation sociale purement autoritaire."
Idem, pages 72 et 73.

Liens :

- Tous les renseignements pour se procurer les ouvrages édités ou distribués par l'Institut Charles Coquelin sont ICI.

- L'article Ludwig von Mises de l'encyclopédie en ligne "Wikiberal".

- Une page donnant de nombreux liens vers des textes de Ludwig von Mises mis en ligne sur Internet.

- De nombreux textes encore de Ludwig von Mises sur cette page du site libéral "Catallaxia".

24.7.05
 
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A propos du "Monde diplomatique".
Pour Morca qui m'a inspiré ce post...

Tout le monde probablement connaît et a déjà lu un mensuel un peu particulier qu'on trouve chez tous les marchands de journaux et qui s'appelle le "Monde diplomatique". Référence politique pour beaucoup de militants de gauche et d'extrême gauche, ce journal se caractérise notamment par un anti-américanisme fanatique et un "tiers-mondisme" exacerbé.
Comme beaucoup, j'ai lu pendant plusieurs années ce journal à un âge où les convictions que l'on adopte sont souvent celles de l'entourage au sens large, c'est-à-dire incluant le système éducatif dans lequel on est immergé.

Je voudrais expliquer ici pourquoi je ne lis plus le "Monde diplomatique " et pourquoi ce journal me semble pouvoir être résumé par deux mots : malhonnêteté intellectuelle. Malhonnêteté intellectuelle érigée en système fermé sur lui-même et tentant d'étouffer tout esprit critique.
Pour cela je ne vais pas faire une étude exhaustive de ce journal mais prendre quelques exemples d'articles qui m'ont beaucoup choqué à l'époque de leur publication.

Exemple n°1 : juin 1986 : le "Monde diplomatique " dénonce la culture populaire américaine.
Référence : " Dans l'Amérique de M. Reagan : La culture populaire flirte avec la bombe" par Konrad Ege, journaliste allemand résident aux États-Unis, in "le Monde diplomatique" de juin 1986, page 7.

En 1986, Ronald Reagan est président des États-Unis depuis 1980. Son élection puis sa réélection en 1984 ont plongé la gauche française (mais ce n'est sas doute pas la seule à être dans ce cas) quasiment dans l'hystérie et une campagne permanente de dénigrements et de diffamation rythme la vie des médias français. Tout y passe : Ronald Reagan est traité comme un débile mental (alors que la lecture de ses « Écrits personnels » publiés aux éditions du Rocher en 2003 prouve qu'il n'en est rien), son anticommunisme viscéral est assimilée à une sorte de fascisme, les réformes économiques qui sont mises en oeuvre sous sa présidence sont grossièrement caricaturées et en plus, il paraît que sa femme consulte un astrologue (Ah ça ! ce n'est pas en France qu'un président de la république aurait des relations suivies avec une astrologue...) ! Il n'y a pas besoin de chercher beaucoup pour constater que l'image dominante de Reagan aujourd'hui en France n'a pas beaucoup changé depuis cette époque.
Beaucoup vont aussi reprocher à Reagan sa politique étrangère. Sa volonté de contenir le régime soviétique et ses alliés par une relance de la course aux armements sera vue comme la volonté de préparer la troisième guerre mondiale. Il est sûr aujourd'hui que cette politique de réarmement a été un des facteurs qui ont provoqué la chute du communisme en Europe à la fin des années 80, ce que les nostalgiques de l'ère soviétique ne lui pardonneront jamais...
Comme tout est bon quand il s'agit de discréditer les États-Unis, Konrad Ege explique dans l'article cité en référence que la culture populaire américaine elle-même est contaminée par le "reaganisme". Il cite dans son papier toute une série de phénomènes qui d'après lui prouve que beaucoup d'Américains s'habituent à l'idée de l'apocalypse nucléaire et donc d'une certaine façon la préparent activement.
Dans cette liste assez hétéroclite, K. Ege cite la bande dessinée "Judge Dredd", le jeu vidéo "Missile Commande" et des séries de romans dont l'action se passe dans un univers post-cataclysmique comme "Ashes" ou "Survivalist". Toute une partie de l'article est consacrée aux chrétiens intégristes censés attendre avec impatience la fin du monde car pour eux, Dieu apparaîtra dans une explosion atomique...
K. Ege nomme également le film "Terminator" (avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal) et reproche à James Cameron, son réalisateur de s'adresser aux douze-dix-huit ans. Que les héros humains du film luttent pour la liberté et pour changer l'histoire n'intéresse pas notre journaliste. Pourtant quel message intéressant à faire passer à des jeunes que de leur faire comprendre que l'avenir n'est pas écrit et que rien n'est inéluctable ("Fight the Future !" disaient les créateurs de la série "X-Files") !
Ce qui m'avait cependant le plus choqué à l'époque de la parution de ce journal était la présence dans l'article des films "Mad Max" et surtout l'insistance de K. Ege à citer les albums "1999" et "Purple Rain" du musicien Prince.
Certes l'action des trois "Mad Max" se passe dans un univers post-cataclysmique mais il faut quand même pas mal d'imagination pour y voir une exaltation de l'idée de guerre atomique...
Quant à Prince, les albums mentionnés font parti de ses meilleurs et ils reflètent assez bien leur époque avec ses doutes, l'inquiétude de certains à l'approche de l'an 2000 et la volonté de faire la fête pour échapper à un quotidien jugé trop terne (thème récurrent des musiques populaires, Ronald Reagan ou pas). Le film de Prince "Purple Rain" prolonge l'album du même nom. Ce n'est sans doute pas un chef d'œuvre cinématographique mais la bande-son reste d'un grand intérêt musical.


Exemple n°2 : mai 1996 : les Rosenberg avaient torts mais ils avaient raison quand même !
Référence : "Retour sur un procès de la guerre froide : Les Rosenberg devaient-ils mourir ?" par Schofield Coryell, journaliste américain, in "le Monde diplomatique" de mai 1996, page 29.

En 1950, deux citoyens américains juifs sont accusés par le FBI d’espionnage au profit de l’URSS : les époux Rosenberg auraient transmis aux Soviétiques des informations concernant les recherches sur la bombe atomique qui étaient alors menées à Los Alamos au Nouveau-Mexique. Protestant de leur innocence, les époux Rosenberg seront jugés en 1951, condamnés à mort et finalement exécutés en 1953. L'affaire sera utilisée par les communistes du monde entier dans leur propagande anti-américaine et des manifestations auront lieu un peu partout pour réclamer la libération des Rosenberg "innocents" et "victimes" de l'État américain et de son antisémitisme.
Là où l'affaire rebondit, c'est que des documents aussi bien russes qu'américains publiés dans les années 70 et surtout 90 vont prouver de façon irréfutable que les Rosenberg étaient coupables et que leur travail d'espion a aidé les Soviétiques à mettre au point leur propre bombe atomique...
Comment vont donc réagir les millions de gens qui ont marché ou pétitionné pour les Rosenberg car convaincus de leur innocence ? L'article du "Monde diplomatique" cité ici est tout à fait représentatif. Pour résumer, S. Coryell explique que les documents américains rendus publics sont peut-être des faux fabriqués par la CIA ou la NSA, que ce qu'ils révèlent était déjà connu des journalistes spécialisés, que le procès était truqué et les Rosenberg condamnés d'avance, que les renseignements qu'ils ont fournis aux Soviétiques ne leur ont en fait rien appris, que les Rosenberg étaient innocents puisque c'est la thèse d'une pièce de théâtre de Tony Kusher et que le "grand public" semble toujours croire à l'innocence des Rosenberg (le contraire serait bien malheureux après plusieurs décennies de désinformation communiste !). Enfin, de toute façon l'exécution des Rosenberg reste un "crime impardonnable".
Donc beaucoup de confusions et de contradictions dans cet article qui soutient notamment et à quelques lignes de distance que les Rosenberg étaient innocents puis reconnaît qu'ils étaient coupables mais que leurs actes n'ont pas eût tant d'importance que ça... Quant aux documents rendus publics par les autorités américaines, il est évidemment plus facile de dire que ce sont peut-être des faux...
Que faire devant une telle confusion intellectuelle ?
A moins que la clef ne soit ailleurs et que S. Coryell ne considère qu'en fait espionner pour le compte de l'URSS n'était pas un crime mais un acte héroïque ? Cela expliquerait son désir farouche de poursuivre coûte que coûte la désinformation et le bourrage de crâne de ses lecteurs...



Exemple n°3 : décembre 1997 : les communistes ont assassiné des millions de personnes dans les pays où ils ont pris le pouvoir ? Ce n'est pas si grave que ça...
Référence : plusieurs articles sur deux pages mais surtout "Loin de l'histoire, une opération à grand spectacle : Communisme, les falsifications d'un "livre noir"" par Gilles Perrault, in "le Monde diplomatique" de décembre 1997, pages 22 et 23.

L'un des évènements marquants de l'édition française à la fin de l'année 1997 a été la publication aux éditions Robert Laffont du "Livre noir du communisme". Ce gros volume de plus de 800 pages a été publié sous la direction de Stéphane Courtois et plusieurs auteurs y examinent dans divers chapitres la dimension violente et criminelle du communisme réel. Les plus gros chapitres sont consacrés à la Russie (chapitre rédigé par Nicolas Werth) et à la Chine (par Jean-Louis Margolin) mais l'Europe centrale, la Corée du Nord, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et certains pays d'Amérique du Sud (Cuba, Nicaragua et Pérou) ou d'Afrique (Éthiopie, Angola, etc.) sont également étudiés.
Cette publication va déclencher une bataille médiatique mémorable et un véritable tir de barrage va tenter de discréditer ce livre et ses auteurs. S'il est un peu difficile d'attaquer le "Livre noir..." sur le terrain des faits - la plupart des auteurs sont historiens et tous maîtrisent leur sujet - deux angles d'attaque seront utilisés par les nostalgiques du communisme : parler d'autre chose d'une part ; multiplier les attaques ad hominem d'autre part.
La principale cible des attaques personnelles sera Stéphane Courtois qui a rédigé l'introduction et la conclusion du "Livre noir...". Dans ces deux textes, prenant acte de ce qu'est le communisme, il arrive à la conclusion inévitable que les crimes du communisme en sont une partie essentielle et qu'ils ne sont ni la déviation ni la trahison d'un projet au départ généreux. Ces conclusions feront de leur auteur une cible médiatique contre laquelle tout est permis. On l'accusera de faire le lit de l'extrême droite et de participer à la résurgence de l'anti-sémitisme ; on verra même le chanteur Jean Ferrat presque en larmes sur les plateaux de télévision...
Dans les articles du "Monde diplomatique" cités en référence, c'est plutôt le "parlons d'autre chose" qui est utilisé. C'est la stratégie utilisée par l'écrivain Gilles Perrault qui commence par s'attarder longuement sur les crimes commis par des Français en Afrique au moment de la colonisation pour expliquer que le parti communiste français ayant été le seul à s'y opposer, il ne doit pas être si mauvais que ça... Après c'est un bric-à-brac intellectuel assez curieux :
- Gilles Perrault excuse la déportation des Allemands de la Volga par Staline en 1941 et en 1942 (plus d'un million deux cents mille déportés tout de même ; encore aujourd'hui, on ignore le nombre sans doute très faible de survivants, voir le "Livre noir..." page 241 et suivantes) ;
- il explique qu'un koulak assassiné par les communistes parce que koulak, c'est très différent d'un Juif assassiné par les nazis parce que Juif ;
- ensuite, nous apprenons que les Américains sont les premiers responsables de l'instauration des dictatures communistes à Cuba et au Nicaragua ;
- puis un argument classique : les communistes voulant le bonheur de l'humanité, leur idéal reste valable et admirable (le fait que ces idées aient conduit une centaine de millions de personnes à la mort n'est bien sûr qu'une malheureuse coïncidence) ;
- Gilles Perrault termine sur une liste classique chez les gauchistes des prétendus "crimes" du capitalisme : chômage, guerres tribales (sic), malnutrition, etc.
Je ne sais ce qui est le pire chez Gilles Perrault : son cynisme qui lui fait excuser des crimes abominables (pour lui, peut-être que finalement les victimes du communisme l'avaient bien cherché ?) ou son acharnement à défendre une idéologie qui toujours et partout a conduit au crime de masse et à la terreur. Là aussi, la solution est peut-être ailleurs. Gérard Bouladou a publié récemment un livre intitulé "L'affaire du pull-over rouge : Ranucci coupable!" dans lequel il revient sur une affaire célèbre dans laquelle Gilles Perrault a joué un rôle de premier plan. Sans entrer dans les détails ici, il semble que Gilles Perrault utilise son talent d'écrivain pour rédiger des romans que les naïfs prennent au pied de la lettre mais qui se caractérisent par le plus grand mépris pour les faits réels qui sont censés les avoir inspirés...
D'autres articles de Serge Halimi (surtout des attaques ad hominem), Michel Dreyfus (qui nous explique que Staline était le méchant et Lénine le gentil) et Maurice Lemoine (intéressant mais gâché par une digression sur le Chili qui n’a rien à voir avec le sujet sinon de laisser entendre que si on ne veut pas de la dictature communiste, c’est qu’on préfère les régimes « fascistes »... ) complètent cette calamiteuse double page.

Voilà donc quelques éléments qui font que je ne lis plus depuis longtemps le "Monde diplomatique". Je ne prétends pas bien sûr que tous les articles de ce mensuel sont du même tonneau, il doit bien y avoir de temps en temps (rarement sans doute !) un article intéressant et honnête...
De toute façon, le ton hystériquement anti-américain, la complaisance dont ce journal fait preuve à l'égard des dictateurs du sud (pour peu qu'ils fasse eux-aussi dans l'anti-américanisme primaire évidement) dont Hugo Chavez au Venezuela est le dernier bénéficiaire en date et la croyance que le capitalisme est l'ennemi du genre humain rende la lecture de ce journal pénible et même révoltante.
Il semble qu’il y ait peu de documents sur le net ou ailleurs qui soient critiques à l’égard du « Monde diplomatique ». J’espère que d’autres posts suivront celui-ci car le roi est nu !

Sylvain

Bibliographie complémentaire :
- « La trahison des Rosenberg » par Florin Aftalion, éditions Jean-Claude Lattès (2003) ;
- « Un pavé dans l’histoire : le débat français sur "Le Livre noir du communisme" » de Pierre Rigoulot et Ilios Yannakakis (Laffont, 1998) ;
- « "Le Livre noir du communisme" en débat : les critiques, les auteurs, mémoire et jugement », revue « Communisme » n°59-60 (éd. L’Age d’Homme, 2000).

Post-scriptum du 4 janvier 2006 : l'article de Gilles Perrault est disponible en ligne ICI.
(Merci à Pankkake !)

13.7.05
 
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Le Vatican contre les libertés :

Une fois de plus le Vatican prétend imposer sa prétendue "morale" à l'ensemble de la population :

"Le Vatican condamne les clients des prostitués
[Hervé Yannou in "Le Figaro" du 13 juillet 2005]

Sauver les prostituées et punir les clients. C'est ce que propose le Vatican dans un document publié hier par le conseil pontifical pour les migrants. Cet organisme du Saint-Siège a réuni fin juin à Rome la première rencontre internationale sur le thème de «la libération des femmes de la rue». Ce n'est bien entendu pas la première fois que le Vatican condamne le «plus vieux métier du monde». En revanche, ce n'est plus les proxénètes qui se trouvent directement en ligne de mire, mais les clients. Contre eux, le Vatican demande une sévère répression.
Le Vatican s'est alarmé de la «croissance dramatique» du marché du sexe dans le monde, et surtout en Europe. En France, il représente près de 3 milliards d'euros par an, selon l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains. Le Saint-Siège souligne que le trafic organisé pour «répondre à une demande croissante» est alimenté par les ex-pays du bloc de l'Est et le tiers-monde. Cette prostitution forcée est un «esclavage moderne». Avec «l'exploitation sexuelle» et le trafic des êtres humains, c'est un «acte de violence contre les femmes», une «offense» à leur dignité et une «grave violation» des droits de l'homme.

Pour aider à la réinsertion des prostituées qui veulent quitter le trottoir, le Vatican appelle à la mobilisation des ressources publiques et privées. Mais le document, issu des réflexions à huis clos d'une cinquantaine d'évêques, de religieuses et religieux, de membres d'associations et de psychologues venus de vingt-quatre pays, va plus loin. Il stigmatise avant tout les «consommateurs», de plus en plus jeunes. Selon Mgr Agostino Marchetto, l'une des chevilles ouvrières du texte, le client doit être «responsabilisé». Il doit sortir de la logique qu'avec l'argent «tout est possible», même au prix de la dignité humaine.
Pour lutter contre les racines du mal, les amendes ne suffisent pas. Il faut des sanctions pénales. Les clients doivent recevoir plus qu'une simple «condamnation sociale». Ils doivent subir toute «la rigueur de la loi».

Cependant, le Vatican ne perd pas de vue qu'il faut les aider à résoudre «leurs profonds problèmes». Ceux qui paient des prostituées cherchent «davantage la domination que la satisfaction sexuelle». Et si cela ne suffisait pas, le texte souligne aussi que les clients «subissent dans leurs relations sociales et personnelles une perte de pouvoir et de masculinité» et «ne parviennent pas à développer des relations de réciprocité et de respect».
Le Vatican lance une pierre dans la mare des débats et des réformes législatives européennes pour tenter d'endiguer la prostitution et l'industrie du sexe. Les positions oscillent entre prohibition, régulation, abolition ou criminalisation.
Pour le Saint-Siège, en la matière, la loi suédoise est un exemple à suivre. En Suède, depuis plus de six ans, les juges verbalisent lourdement ou condamnent à des peines de prison «les acheteurs» de «faveurs sexuelles». Les résultats sont très probants."


Si le Vatican a tout à fait le droit de condamner "moralement" les prostitués et ceux qui utilisent librement leurs services, son appel à utiliser la loi pour imposer ses conceptions est totalement inacceptable.
Il n'y a pas si longtemps, la hiérarchie catholique s'inquiétait du climat systématiquement hostile au christianisme qui règne ici et en appelait à la liberté d'expression. Quelques temps plus tard, la même hiérarchie catholique obtenait l'interdiction par la justice française d'une campagne de publicité utilisant une photo inspirée du tableau de Léonard de Vinci "La Cène". Aujourd'hui, c'est le Vatican lui-même qui prétend utiliser le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire pour arriver à ses propres fins. L'immoralité et le cynisme de ces comportements sont évidents.

Conclusion : la hiérarchie catholique ne renoncera jamais à imposer par la force ses idées mais après tout, est-ce vraiment une surprise ? En effet, comme le service proposé à la population par les appareils religieux est difficile à quantifier, ces derniers ne peuvent imposer leur conception des choses que par la force et doivent se rapprocher du pouvoir politique et si possible, en prendre le contrôle pour survivre...

Sylvain

P.S. : un débat sur ce sujet a eut lieu ICI.

11.7.05
 
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« Contribuables associés » : parutions récentes :

L'excellent magazine "le Cri du contribuable" en est déjà au numéro 4 et son contenu est toujours aussi intéressant. Parmi les points forts de cette nouvelle livraison, il ne faut pas rater le point sur l’endettement de la SNCF (page 14), le problème des autoroutes à péage (pages 32 et 33) - problème d’actualité s’il en est ! - ni le scandale que représente le prétendu « Impôt de Solidarité sur la Fortune » auquel sont désormais assujetties des personnes modestes qui ont la malchance de vivre à des endroits aujourd’hui à la mode (pages 52 et 53). Le dossier de ce numéro est consacré au 16 juillet 2005, jour de la « libération fiscale » pour cette année.
Nous savons bien que le but réel de l’État est de tondre toujours plus la population avec le « minimum de cris » mais il est toujours intéressant de voir de près comment l’État exploite son cheptel. Les rédacteurs du « Cri... » peuvent paraître d’une certaine façon optimistes car ils semblent croire que l’on peut réformer l’État, ce qui en France en tout cas reste à démontrer...

Par ailleurs, les mêmes Contribuables associés publient également d’excellentes monographies. Après « Pression fiscale : le ratio Insee contestable » et « Les véritables effectifs de la fonction publique en France », voici « Subventions aux associations : qui veut gagner des milliards ? » à propos des subventions accordées par les ministères de l'État français aux associations bien en cour.
C’est sans surprise que l’on constatera que l’opacité et le clientélisme règnent en maître dans la distribution de ces subventions mais la situation est encore pire que ce que l’on peut imaginer.
Parmi les faits marquants révélés par cette brochure, on notera que s’il existe environ 800 000 associations en France, seules 8 000 (soit 0,1%) touche une subvention en provenance d’un ministère et que parmi ces 8 000, 89 empochent 40 % du total (chiffres de 2002). Là où les choses se corsent, c’est quand on constate qu’une bonne part de ces 89 associations très privilégiées ne sont pas de « vraies » associations mais remplissent des taches qui relèvent en fait de l’administration comme l’ARRCO (qui gère les retraites complémentaires des salariés) ou la MSA (la « Mutualité Sociale Agricole »).
Quand on pense que tous les échelons politico-administratifs français subventionnent « leurs » associations, l’ampleur des sommes ainsi détournées laisse rêveur…

Sylvain


12.6.05
 
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Un excellent article de Pascal Salin qui explique pourquoi d'un point de vue libéral, il valait mieux voter NON au référendum du 29 mai :
- "Les bienfaits de la victoire du non" par Pascal Salin.

Sylvain

12.4.05
 
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Boris Vian, auteur libertarien...

Au moment où le gouvernement français actuel comme d'autres avant lui veut imposer l'apprentissage de la "Marseillaise" dans les écoles, souvenons-nous qu'en 1954, Boris Vian écrivait une chanson qui a depuis fait le tour du monde : "Le déserteur". A la demande de Mouloudji, Boris Vian a modifié à l'époque le texte d'origine et cette chanson est devenu un hymne pacifiste. En rétablissant les paroles originales, on obtient un texte que tous les libertariens apprécieront.

Sylvain

"Le déserteur

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que j'emporte des armes
Et que je sais tirer."


Boris Vian (1954)
Source : livret de Georges Unglik accompagnant le coffret de six CD "Boris Vian et ses interprètes", page 23 (1991).

3.4.05
 
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Lysander Spooner :
1 : « Outrage à chefs d’Etat » suivi de « Le Droit naturel ».

Editions Les Belles Lettres, col. « Iconoclastes » n°3 (1990).
Editions originales : « No Treason - The Constitution of No Authority » (1870) et « Natural Law : or the Science of Justice » (1882).
Traduit par Jeannie Carlier.
Préface de Michel Desgranges.
2 : « Les vices ne sont pas des crimes ».
Editions Les Belles Lettres, col. « Iconoclastes » n°17 (1993).
Edition originale : « Vices are not crimes - A Vindication of Moral Liberty » (1875)
Traduit par Mickael Korvin.
Suivi d’une chronologie de Lysander Spooner.

Lysander Spooner est né en 1808 dans le Massachusetts. Il a été dans sa vie maître d’école, précepteur, homme d’affaire et homme de loi. Il meurt en 1887 après avoir défendu toute sa vie la liberté individuelle et lutté pour l’abolition de l’esclavage. Ses réflexions politiques se fondent sur l’hostilité à l’Etat et l’individualisme, ce qui en fait un précurseur des libertariens d’aujourd’hui.
L. Spooner préconise ainsi un système basé sur la coopération volontaire, contractuelle et sans violence entre les individus.

« Outrage à chefs d’Etat » date de 1870 et examine la légitimité de la constitution américaine. Le problème posé par L. Spooner est que la constitution est une sorte de faux contrat que personne ne signe réellement et qui ne pourrait de toute façon n’engager que les personnes vivantes qui l’auraient signée. En aucun cas un tel texte ne peut légitimement contraindre les descendants des premiers signataires ni les personnes actuelles qui ne l’ont pas signée personnellement. La constitution organise un « contrat social » fictif illégitime.
Ainsi, les serments prêtés au « peuple américain » ou à la constitution par les nouveaux citoyens naturalisés américains n’ont aucune valeur, pas plus que les serments extorqués aux habitants du sud des Etats-Unis par les nouvelles autorités installées après la Guerre de Sécession.
L. Spooner applique également son raisonnement au vote démocratique. Seules les personnes qui votent sont liées par les décisions prisent par les politiciens mais comme le vote est anonyme, ces décisions sont définitivement illégitimes et criminelles. Le vote étant toujours en partie contraint, le fait que certaines personnes utilise le vote comme moyen d’atténuer si peu que ce soit l’oppression (en votant pour le « moins pire ») ne signifie pas que les électeurs adhèrent ou soutiennent le système ni la constitution.
Ce que dit Lysander Spooner s’applique bien entendu à toutes les constitutions existant ou ayant existé mais aussi à toutes les constitutions futures qu’un Etat quelconque chercherait à imposer selon la même violence et la même coercition.

« Le droit naturel », sous-titré « ou la science de la justice » concerne ce que L. Spooner appelle d’une part les droits et les devoirs légaux d’une part, et, d’autre part les devoirs moraux. D’un côté, tous les droits qu’un homme possède sur lui-même et sur ses biens, de l’autre, des obligations morales dont chaque homme peut seul apprécier dans chaque cas s’il faut et s’il veut les respecter. Dans la première catégorie, on trouve le respect de la propriété privée et le respect des contrats librement passés ; dans la deuxième, on trouve ce qu’on appelle parfois aujourd’hui les « droits à... », droit à l’instruction, droit au logement, droit au travail, etc., liste interminable et changeante de droits qui n’en sont pas mais qui permettent aux politiciens de toujours plus intervenir pour leur propre profit dans la vie des autres hommes.
Le Droit naturel permet de définir naturellement les devoirs légaux car il est universel et accepté par tous

Enfin, l’essai « Les vices ne sont pas des crimes », troisième texte de L. Spooner (et dernier à ce jour) traduit en français s’ouvre sur les premières phrases que voici :

« Les vices sont les actes par lesquels un homme nuit à sa propre personne ou à ses biens.
Les crimes sont les actes par lesquels un homme nuit à la personne ou aux biens d’autrui. Les vices sont simplement les erreurs que commet un homme dans la recherche de son bonheur personnel. Contrairement aux crimes, ils n’impliquent aucune intention criminelle envers autrui, ni aucune atteinte à sa personne ou à ses biens .»

« Les vices ne sont pas des crimes », page 9.

Phrases formidables qui conduisent à condamner toutes les intrusions étatiques dans la vie privée des gens. Walter Block dans « Défendre les indéfendables » ne dit pas autre chose.
L. Spooner n’oublie pas que la pauvreté est la grande cause des crimes (exceptés les crimes de l’Etat bien sûr) : le problème du chômage et de la pauvreté est effectivement une question cruciale pour les libéraux.

Les idées anarchistes et individualistes de Lysander Spooner auront une descendance remarquable chez des auteurs aussi divers que Murray Rothbard (« L’éthique de la liberté ») ou l’écrivain de Science Fiction Robert Heinlein
(« Révolte sur la Lune »). En ces temps où se construit sous nos yeux un super-Etat proto-totalitaire appelé « Union européenne », les idées de Lysander Spooner sont plus que jamais d’actualité.

Sylvain

Liens :

- Un extrait de « Outrage à chefs d’Etat ».

- Site consacré à la vie et à l’oeuvre de Lysander Spooner.

Bibliographie :

- "L'anarcho-capitalisme" de Pierre Lemieux, éd. PUF, col. "Que sais-je ?" n°2406 (1988), chapitre VIII : "L'idée de l'Etat-bandit : Lysander Spooner".


18.3.05
 
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Walter Block : « Défendre les indéfendables (proxénètes, vendeurs d’héroïne, prostituées, maîtres chanteurs, faux-monnayeurs et autres boucs émissaires de notre société) ».
Editions Les Belles Lettres (1993).
Edition originale : « Defending the Undefendable. The Pimp, Prostitute, Scab, Slumlord, Libeler, Moneylender, and Other Scapegoats in the Rogue’s Gallery of American Society. Something to offend everyone » (1976).
Traduit de l’anglais par Arlette Rosenblum.
Avec un avant-propos de Murray Rothbard et un commentaire de F.A. von Hayek.

Walter Block est professeur d’économie à l’Université Loyola à la Nouvelle Orléans en Louisiane. Ses idées libertariennes sont connues mais l’essai « Défendre les indéfendables » est son seul ouvrage qui ait été traduit en français. Sous un titre, et surtout un sous-titre assez provocateurs, Walter Block expose les idées libertariennes sur des sujets sensibles qui sont prétextes à de grandes dépenses d’argent et d’énergie dans les sociétés occidentales.
La thèse de Walter Block est que beaucoup d’activités prohibées aujourd’hui ne violent pas le Droit naturel et ne devraient donc pas tomber sous le coup des lois. Au contraire, il démontre que ceux et celles qui pratiquent ces activités sans agresser quiconque sont injustement persécutés et méritent le nom de héros. Que ces activités soient jugées morales ou immorales est un autre problème. Pour les libertariens, la morale est affaire personnelle tant qu’on n’agresse personne.

Ces personnes et les activités qu’elles pratiquent peuvent être grosso modo classées en deux groupes : d’une part, des personnes qui proposent un service condamné par d’autres personnes pour des raisons « morales » ; d’autres part des personnes exerçants certaines activités économiques souvent mal vues mais pourtant très utiles.

Dans le premier groupe, on trouvera les prostituées qui rendent un service visiblement apprécié puisqu’elles continuent à exercer leurs activités malgré la répression policière et la condamnation des bien-pensants. On trouvera aussi le toxicomane qui dans une société libre ne passerait pas son temps à agresser les autres pour avoir de quoi se procurer sa dose, ce qui serait un immense progrès par rapport à la situation actuelle (voir aussi sur ce sujet « Faut-il interdire les drogues ? » par Christian Michel).

Du côté des activités économiques mal vues mais utiles, on peut citer l’importateur qui fournit à la population des produits moins chers, le faux-monnayeur qui ne fait que contrefaire une fausse monnaie fabriquée par l’Etat et le publicitaire dont l’activité relève en dernière analyse de la liberté d’expression. De son côté, le « vieil intraitable », celui qui refuse de vendre sa maison alors qu’à la place on pourrait construire un magnifique immeuble moderne ou un superbe aéroport nous rappelle le caractère sacré et intouchable de la propriété privée. Le « vieil intraitable » pousse la perversité jusqu’à refuser des offres de rachat dont le montant est bien supérieur à la valeur vénale de son bien et ainsi, il défend la liberté de tous.
D'autres chapitres sont consacrés notamment à l'employeur capitaliste, au "jaune" et au spéculateur. Walter Block ne craint pas d'examiner aussi le problème du travail des enfants et celui du policier corrompu par le "Milieu".

Condamnés à la fois pour des raisons morales et économiques, l'auteur examine également le cas des intermédiaires qui sont régulièrement rendus responsables de tous les maux économiques alors que si on fait appel à eux, c’est bien que leur fonction est jugée utile. Il coûte souvent moins cher de trouver des clients ou des fournisseurs en s’adressant à des intermédiaires qui sauront mettre en relation des gens ou des entreprises ayant besoin les uns des autres que de chercher par soi-même de tels partenaires. Les proxénètes entrent dans cette catégorie et la violence qu’on les accuse de faire subir souvent aux femmes est due à la prohibition et à la clandestinité qui entourent leurs activités plutôt qu’à ces activités mêmes. De la même façon les fournisseurs de drogues pourraient exercer paisiblement leur activité dans une société libre.

Ce livre est donc fort intéressant. Il est bien sûr marqué par l’époque à laquelle il a été écrit et certaines réflexions datent un peu. Je pense par exemple à la question de l’avortement (page 32) qui a l’époque n’était pas libre aux Etats-Unis. Pour l’auteur, la légalisation de l’avortement était nécessaire et ne semblait pas poser problème alors qu’aujourd’hui encore, il s’agit d’un sujet très discuté chez les libertariens.
Walter Block exprime aussi dans ce livre l’idée que la planète sera bientôt surpeuplée et que l’homme devra s’adapter à cette nouvelle situation (page 146). Ce fantasme très courant dans les années 70 fera sourire le lecteur de Bjørn Lomborg.
Phénomène plus inquiétant, certains interdictions qui n’étaient pas concevables à l’époque se sont bel et bien matérialisées. Page 54, Walter Block explique que l’argument selon lequel il faut interdire l’héroïne sous prétexte que son usage peut rendre les héroïnomanes incapables de travailler et « d’assumer leurs obligations financières envers leur famille » est inacceptable car nombreuses sont les activités qui peuvent rendre leurs usagers incapables d’accomplir leur tâche dans certains domaines. Il faudrait donc interdire aussi « le jeu, l’alcoolisme, l’usage du tabac, la conduite d’automobiles, les voyages aériens (...). Ceci serait manifestement absurde. » Cela n’est plus si absurde que cela puisque par exemple l’usage du tabac est de plus en plus considéré comme un délit, en attendant de devenir un crime. L’alcoolisme par ailleurs est régulièrement, et depuis toujours l’objet de dénonciations via des campagnes de presse.

Malgré les années, ce livre est à lire car on y trouve le point de vue libertarien sur des sujets qui peuvent sembler secondaires mais qui, du fait qu’ils sont « limites » permettent à Walter Block de développer très logiquement les prémisses libertariennes. Il y a peu d’ouvrages en français ou traduits en français qui développent un tel point de vue.

Sylvain

Lien :
- L’introduction par l’auteur à la traduction portugaise de « Défendre les indéfendables ».

Extrait :
« L’économie dirigée ou planifiée est la facilité même dans sa conception. Les chefs de l’économie décident simplement ce qui doit être produit, qui doit le produire et comment, et qui doit recevoir les bénéfices de cette production.
Par contraste, l’économie volontaire ou l’économie de marché libre est très complexe. Le particulier peut décider de ce qu’il veut produire et comment le produire. Le stimulant est sa jouissance personnelle du produit et de ce qu’il peut en obtenir quand il le vend à d’autres gens. Au lieu d’être coordonnée par des directives économiques, l’économie du marché libre est, comme nous l’avons constaté, coordonnée par le mécanisme des profits et pertes.
(...)
Si on les laissait faire, et si les profits étaient sévèrement limités ou entièrement proscrits, le collectivisme coercitif en serait renforcé à ce degré extrême. Les libertés personnelles seraient noyées dans un déluge d’ordres venus du sommet. L’individu ne peut pas être libre si son existence économique est fondée sur le caprice d’un dictateur économique dont les ordres sont sans appel. Dans un marché libre, si vous quittez votre emploi, si un employé quitte votre service, si un client refuse de vous acheter ou un fournisseur de vous vendre, il y a d’autres patrons, employés, clients ou fournisseurs existants ou potentiels. Mais dans une économie surveillée il n’y a pas d’autres choix. Les déviations, les excentricités ou les inclinations non orthodoxes ne sont pas tolérées. »

« Défendre les indéfendables », chapitre « Le profiteur (ou l’affairiste) », pages 211 et 212.

11.3.05
 
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Défendre encore et toujours la liberté d'expression...



A la demande des évèques français, le tribunal de grande instance de Paris a prononcé jeudi 10 mars 2005 l'interdiction de la campagne d'affichage de la dernière publicité de Marithé et François Girbaud qui détournait le tableau de la Cène de Léonard de Vinci. Il y a peu, les évèques se plaignaient du développement d'un climat anti-catholique en France et en appelaient à la liberté d'expression...

Sylvain

Lien :
- Article dans "Libération" du 10 mars 2005.

2.2.05
 
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Citation :

« Les tribunaux français ont maintenant condamné Faurisson pour avoir, entre autre vilenies, manqué à la « responsabilité » et à la « prudence » de l’historien, pour avoir négligé d’utiliser des documents probants, et avoir « laissé prendre en charge par autrui (!) son discours dans une intention d’apologie des crimes de guerre ou d’incitation à la « haine raciale ». Dans un déploiement de lâcheté morale, la cour prétend ensuite qu’elle ne restreint pas le droit pour l’historien de s’exprimer librement mais qu’elle punit seulement Faurisson pour en avoir usé. Par ce jugement honteux, on donne à l’Etat le droit de déterminer une vérité officielle (en dépit des protestations des juges) et de punir ceux qui sont coupables d’« irresponsabilité ». Si cela ne déclenche pas de protestations massives, ce sera un jour noir pour la France. »
Noam Chomsky, « Réponses inédites à mes détracteurs parisiens »,
Cahiers mensuels « Spartacus » n°128 (1984), pages 43 et 44.

Liens :

- "Noam Chomsky et les médias français" par Arnaud Rindel ;

- "Liberté d'expression absolue" par Pierre Lemieux.

Post-scriptum :

"Quand on a dit que le négationnisme était un délit, je n'ai rien dit, je n'étais pas négationniste.
Quand on a dit que le racisme était un délit, je n'ai rien dit, je n'étais pas raciste.
Quand on a dit que l'irrésolution politique devait être combattue, je n'ai rien dit, j'avais mes opinions.
Quand on m'a dit que mon opinion était devenue un délit, il ne restait plus que les collectivistes pour parler."

Xavier Collet

26.1.05
 
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Il est paru : « Le cri du contribuable » n°2.

Au sommaire :
- un dossier de 17 pages sur les fonctionnaires ;
- une enquête sur la flambée des impôts locaux à Lyon ;
- un bilan de "Lille 2004" ;
- le Conseil économique et social : des rapports à 1 million d’euros la pièce... ;
- les associations qui croquent le plus de subventions publiques...
- 10 millions de cartes vitale qui se baladent dans la nature..., etc.
Bref, une lecture chaudement recommandée.
(3,50€ chez tous les marchands de journaux)

Sylvain

 

 
   
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