*************************
Lysander Spooner :
1 : « Outrage à chefs d’Etat » suivi de « Le Droit naturel ».Editions Les Belles Lettres, col. « Iconoclastes » n°3 (1990).
Editions originales : « No Treason - The Constitution of No Authority » (1870) et « Natural Law : or the Science of Justice » (1882).
Traduit par Jeannie Carlier.
Préface de Michel Desgranges.
2 : « Les vices ne sont pas des crimes ».Editions Les Belles Lettres, col. « Iconoclastes » n°17 (1993).
Edition originale : « Vices are not crimes - A Vindication of Moral Liberty » (1875)
Traduit par Mickael Korvin.
Suivi d’une chronologie de Lysander Spooner.
Lysander Spooner est né en 1808 dans le Massachusetts. Il a été dans sa vie maître d’école, précepteur, homme d’affaire et homme de loi. Il meurt en 1887 après avoir défendu toute sa vie la liberté individuelle et lutté pour l’abolition de l’esclavage. Ses réflexions politiques se fondent sur l’hostilité à l’Etat et l’individualisme, ce qui en fait un précurseur des libertariens d’aujourd’hui.
L. Spooner préconise ainsi un système basé sur la coopération volontaire, contractuelle et sans violence entre les individus.
« Outrage à chefs d’Etat » date de 1870 et examine la légitimité de la constitution américaine. Le problème posé par L. Spooner est que la constitution est une sorte de faux contrat que personne ne signe réellement et qui ne pourrait de toute façon n’engager que les personnes vivantes qui l’auraient signée. En aucun cas un tel texte ne peut légitimement contraindre les descendants des premiers signataires ni les personnes actuelles qui ne l’ont pas signée personnellement. La constitution organise un « contrat social » fictif illégitime.
Ainsi, les serments prêtés au « peuple américain » ou à la constitution par les nouveaux citoyens naturalisés américains n’ont aucune valeur, pas plus que les serments extorqués aux habitants du sud des Etats-Unis par les nouvelles autorités installées après la Guerre de Sécession.
L. Spooner applique également son raisonnement au vote démocratique. Seules les personnes qui votent sont liées par les décisions prisent par les politiciens mais comme le vote est anonyme, ces décisions sont définitivement illégitimes et criminelles. Le vote étant toujours en partie contraint, le fait que certaines personnes utilise le vote comme moyen d’atténuer si peu que ce soit l’oppression (en votant pour le « moins pire ») ne signifie pas que les électeurs adhèrent ou soutiennent le système ni la constitution.
Ce que dit Lysander Spooner s’applique bien entendu à toutes les constitutions existant ou ayant existé mais aussi à toutes les constitutions futures qu’un Etat quelconque chercherait à imposer selon la même violence et la même coercition.
« Le droit naturel », sous-titré « ou la science de la justice » concerne ce que L. Spooner appelle d’une part les droits et les devoirs
légaux d’une part, et, d’autre part les devoirs
moraux. D’un côté, tous les droits qu’un homme possède sur lui-même et sur ses biens, de l’autre, des obligations morales dont chaque homme peut seul apprécier dans chaque cas s’il faut et s’il veut les respecter. Dans la première catégorie, on trouve le respect de la propriété privée et le respect des contrats librement passés ; dans la deuxième, on trouve ce qu’on appelle parfois aujourd’hui les « droits à... », droit à l’instruction, droit au logement, droit au travail, etc., liste interminable et changeante de droits qui n’en sont pas mais qui permettent aux politiciens de toujours plus intervenir pour leur propre profit dans la vie des autres hommes.
Le Droit naturel permet de définir naturellement les devoirs légaux car il est universel et accepté par tous
Enfin, l’essai « Les vices ne sont pas des crimes », troisième texte de L. Spooner (et dernier à ce jour) traduit en français s’ouvre sur les premières phrases que voici :
« Les vices sont les actes par lesquels un homme nuit à sa propre personne ou à ses biens.
Les crimes sont les actes par lesquels un homme nuit à la personne ou aux biens d’autrui. Les vices sont simplement les erreurs que commet un homme dans la recherche de son bonheur personnel. Contrairement aux crimes, ils n’impliquent aucune intention criminelle envers autrui, ni aucune atteinte à sa personne ou à ses biens .»« Les vices ne sont pas des crimes », page 9.
Phrases formidables qui conduisent à condamner toutes les intrusions étatiques dans la vie privée des gens. Walter Block dans
« Défendre les indéfendables » ne dit pas autre chose.
L. Spooner n’oublie pas que la pauvreté est la grande cause des crimes (exceptés les crimes de l’Etat bien sûr) : le problème du chômage et de la pauvreté est effectivement une question cruciale pour les libéraux.
Les idées anarchistes et individualistes de Lysander Spooner auront une descendance remarquable chez des auteurs aussi divers que Murray Rothbard (
« L’éthique de la liberté ») ou l’écrivain de Science Fiction Robert Heinlein
(
« Révolte sur la Lune »). En ces temps où se construit sous nos yeux un super-Etat proto-totalitaire appelé « Union européenne », les idées de Lysander Spooner sont plus que jamais d’actualité.
Sylvain
Liens :- Un
extrait de « Outrage à chefs d’Etat ».
-
Site consacré à la vie et à l’oeuvre de Lysander Spooner.
Bibliographie : - "L'anarcho-capitalisme" de Pierre Lemieux, éd. PUF, col. "Que sais-je ?" n°2406 (1988), chapitre VIII : "L'idée de l'Etat-bandit : Lysander Spooner".