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15.12.04
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Philippe Simonnot : « Vingt et un siècles d’économie »
Sous-titre : « en vingt et une dates-clés ».
Editions Les Belles Lettres (2002).
Philippe Simonnot est économiste. Chroniqueur au Figaro, il a également collaboré au « Nouvel économiste » pour lequel il a rédigé tout au long de l’année 2000 une série de chroniques consacrées à l’histoire économique de l’Occident de l’Antiquité à nos jours.
C’est cette série de textes qui a servie de base au livre « Vingt et un siècles d’économie ».
Philippe Simonnot a retenu 21 dates-clés, une par siècle, de la découverte de la route maritime de l’Egypte aux Indes en 116 avant notre ère au grand krach de 1929 en passant notamment par le traité de Verdun de 843 qui organise le partage de l’empire de Charlemagne et la grande épidémie de peste du quatorzième siècle.
Pour le débutant en économie que je suis, ce livre est une excellente introduction à une science qui paraît de prime abord à la fois ardue et confuse. Philippe Simonnot a le don de rendre compréhensibles des phénomènes économiques comme les échanges ou la monnaie.
Il fait prendre conscience que l’économie est finalement l’activité humaine par excellence et que sa méconnaissance est une source de troubles graves.
Pour moi, le chapitre emblématique de ce livre est celui qui est consacré à l’effondrement de l’Empire romain au cinquième siècle. Pour résumer, Philippe Simonnot explique en quelques pages comment l’impossibilité de protéger à un coût raisonnable la prospérité des citoyens romains a fini par entraîner sa fin...
Le choix de ne proposer qu’une date par siècle, mais pour tous les siècles de notre ère crée un effet des plus intéressant : l’Empire romain ayant droit à cinq chapitres et le Moyen Age à neuf, ce qu’il est convenu d’appeler les « Temps modernes » sont contenus dans six chapitres seulement. Cet effet vise à combattre le sentiment que les Temps modernes sont radicalement différents de ce qui les a précédé et donne une idée concrète de l’immensité du temps qui nous sépare de l’Antiquité.
Par ailleurs, chacun des chapitres est utilement complété par une brève bibliographie.
Le grand oeuvre de Philippe Simonnot et dont la lecture est nettement plus ardue, s’intitule « Economie du Droit ». Au moment où paraît le tome 2 intitulé « Les personnes et les choses », il me semble intéressant de rappeler que cet économiste est aussi un excellent vulgarisateur. On complétera très utilement la lecture de « Vingt et un siècles d’économie » par « 39 leçons d’économie contemporaine » tout aussi passionnant.
Sylvain
2.11.04
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The Lord of the Welfare States... ou
... une image qui vaut mille mots.
Hommage à Tolkien d'une part, attaque violente contre l'économiste John Keynes et des politiques qu'il a inspirées d'autre part, cette image de l'ami Eskoh est un chef d'oeuvre.
Sylvain
P.S. : les débutants en économie liront avec grand profit la présentation de l'oeuvre de Keynes dans les chapitres 22 à 29 de "39 leçons d'économie contemporaine" de Philippe Simonnot (Folio actuel n°61, 1998) qui remet les pendules à l'heure.
24.10.04
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Quel alignement pour les libertariens ?
Il n’y a pas que la politique dans la vie, heureusement !
J’ai récemment ressorti de sa boîte le jeu de rôle sur CD-Rom « Baldur’s Gate » et j’ai repris l’exploration des Royaumes Oubliés avec mon groupe d’aventuriers.
Là où ça devient intéressant, c’est quand on lit les caractéristiques des personnages et en particulier leur « alignement ».
Baldur’s Gate est une adaptation informatique du jeu de rôle sur table « Donjons et Dragons ». Dans ce jeu, les personnages que les joueurs dirigent ont toute une série de caractéristiques qui les définissent. Parmi elles, les personnages doivent se conformer à leur alignement, une sorte d’ensemble de règles de conduite morales. Il y a neuf possibilités car les personnages se placent selon un premier axe bon/neutre/mauvais et selon un second loyal/neutre/chaotique. Toutes les possibilités étant permises, on obtient bien neuf combinaisons différentes.
Le premier axe est classique, vous choisissez en gros d’être « gentil », « méchant » ou « neutre ».
Le second axe est plus intéressant car il définit les idées de votre héros concernant la société.
Un personnage loyal est attaché à un modèle de société dans laquelle les lois et les autorités doivent être respectées. De gré ou de force, l’ordre doit régner. Le manuel nous dit :
« les personnages de cet alignement croient qu’une société ordonnée et forte dotée d’un gouvernement moral peut contribuer à améliorer la vie de la majorité des gens. »
(à propos de l’alignement loyal bon.)
« les personnages de cet alignement accordent une importance majeure à l’ordre et l’organisation. Ils croient en un gouvernement fort, bien ordonné, que ce gouvernement soit tyrannique ou démocratique. Des lois doivent être créées et respectées. »
(à propos de l’alignement loyal neutre.)
et enfin :
« ces personnages croient que structure et organisation élèvent ceux qui méritent de gouverner. Ils préfèrent une hiérarchie clairement définie entre maître et serviteur. Si quelqu’un souffre à cause d’une loi qui profite aux personnages loyaux mauvais, tant pis. »
(à propos de l’alignement loyal mauvais.)
A côté de ces personnages loyaux un peu psychorigides, d’autres seront « neutres » ou « chaotiques ». C’est cette dernière catégorie qui me semble très intéressante. Tous les personnages chaotiques se méfient des contraintes sociales et ne se laissent pas embrigader, ce qui est déjà très bien.
Mais voici ce que le manuel du jeu nous dit à propos de l’alignement « chaotique bon » :
« les personnages chaotiques bons sont des individualistes féroces qui se distinguent par une propension à la gentillesse et à la générosité. Ils croient en toutes les vertus de la bonté et de la droiture, mais font peu usage des lois et règlements. Ils sont inutiles pour ceux qui « essayent de manipuler les populations et de leur dire quoi faire ». Leurs actions sont guidées par leur boussole de morale qui, bien qu’elle soit bonne, n’est pas toujours en parfait accord avec le reste de la société. »
L’individualisme, la bonté et la droiture morale, la méfiance à l’égard des lois et des règlements, le refus de diriger la vie des autres, le refus de se laisser manipuler par les hommes de pouvoir, l’existence d’une morale supérieure devant laquelle doivent s’incliner les lois, voilà un excellent programme pour les libertariens ! Il suffirait peut-être de rajouter une référence au Droit naturel...
Amis chaotiques bons, aiguisez vos épées, préparez vos sorts et sus aux loyaux pro-étatistes !
Sylvain
P.S. : le manuel de Baldur’s Gate nous permet aussi de savoir qui dirige le monde réel. Citation :
« Comme ils honorent tous les contrats ou serments qu’ils ont faits, les personnages loyaux mauvais font très attention lorsqu’ils donnent leur parole. Une fois celle-ci donnée, ils y manqueront uniquement s’ils trouvent un moyen légal de le faire, en respectant les lois de la société. »
Oui mais quand on a le pouvoir dans une société démocratique il est relativement facile de changer la loi...
30.7.04
************************* Badnarik président !Il n'y a pas que Bush et Kerry... Urgesat soutient la candidature de Michael Badnarik aux prochaines élections présidentielles américaines ! Pour en savoir plus, allez voir ICI. On lira également avec profit cette excellente présentation de Maxime Rollin du programme de M. Badnarik sur le site de Liberté Chérie (merci à Jabial). Sylvain P.S. : un jour en France aussi il y aura des candidats libertariens aux élections... Résultats (le 06/11/04) :Les élections américaines ont donc eu lieu. Michael Badnarik a obtenu plus de 379 000 voix, ce qui est comparable au score obtenu par le candidat libertarien aux présidentielles de 2000. Il arrive en quatrième position derrière Ralph Nader qui le précède d'environ 17 000 voix. Cette élection confirme que le Libertarian Party est le troisième parti américain. Badnarik dépasse les 1% dans huit Etats : en Alaska, en Arizona, en Georgie, dans l'Idaho,dans l'Illinois, dans l'Indiana, dans le Massachusetts et au Texas.
23.7.04
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Bjørn Lomborg : « L’écologiste sceptique »
Sous-titre : Le véritable état de la planète.
Le Cherche Midi (2004).
Edition originale danoise : « Verdens Sande Tilstand » (1998).
Edition anglaise révisée : « The Skeptical Environmentalist » (2001).
Traduit de l’anglais par Anne Terre.
Préface de Claude Allègre.
Pour Jean H., qui croit que dans vingt ans nous n’aurons plus d’essence pour faire rouler nos voitures...
Après une annonce prématurée en janvier, le très attendu livre de Bjørn Lomborg est enfin sorti en français en mai dernier.
La parution de cette édition (assez laide, il faut bien le reconnaître) est un événement car il s’agit d’une somme de plus de 700 pages dans laquelle l’auteur passe en revue quasiment tous les problèmes contemporains liés à l’environnement...
La suite est ICI.
12.7.04
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David S. Landes : « Richesse et pauvreté des nations ».
Editions Albin Michel (2000).
Edition originale : « The Wealth and Poverty of Nations »( 1998).
Traduit par Jean-François Sené.
David S. Landes est né en 1924. Il a été professeur d’histoire et d’économie à Harvard et a l’habitude de publier des livres assez volumineux dont l’ambition est de faire le tour d’un problème ou d’un phénomène historique donné.
« Richesse et pauvreté des nations » est sous-titré « Pourquoi des riches ? Pourquoi des pauvres ? » et l’auteur tente de trouver des explications au fait que certaines nations ou certains états sont riches alors que d’autres sont pauvres. Les libéraux pensent que si leurs idées étaient appliquées, la pauvreté et la misère reculeraient ou même disparaîtraient, c’est dire si les questions posées ici par David S. Landes sont cruciales.
Ce livre comporte des chapitres tout à fait passionnants et d’autres qui m’ont semblé nettement moins aboutis. Détaillons.
Parmi les réussites incontestables, le rappel que les conditions naturelles ne sont pas partout identiques. Certaines régions du monde bénéficient d’un climat tempéré favorable à la vie humaine alors que d’autres sont le paradis des virus et des bactéries. L’auteur rappelle que seules la science et la technologie permettront d’apporter des réponses à ces graves difficultés (page 38).
Deuxième point important : l’influence de la culture. Les êtres humains ne partagent pas les mêmes croyances ni les mêmes valeurs et ces différences ont des effets considérables dans la vie et le développement des sociétés. David S. Landes se pose en héritier de Max Weber qui a voulu établir un lien entre les valeurs protestantes et le développement du capitalisme (son ouvrage le plus célèbre « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » date de 1905 mais n’a été traduit en français qu’en... 1964!).
Troisième point positif : l’affirmation que la place des femmes et la façon dont elles sont traitées sont de bons indicateurs du niveau de développement atteint par une société.
David S. Landes est imperméable aux diktats du politiquement correct et refuse tout relativisme. Il est hostile au socialisme et au communisme et fustige la socialisation des moyens de production. Il pense aussi que la catastrophe de Tchernobyl en 1986 a joué un rôle déterminant dans l’effondrement de l’URSS.
Tout cela est très positif bien entendu mais à côté de cela il y a des affirmations qui me semblent étranges ou contradictoires avec tout cela.
Et d’abord l’affirmation que l’Etat peut avoir un rôle positif à jouer dans l’économie. M. Landes justifie par exemple les barrières douanières quand une industrie est jeune et trop faible pour résister à la concurrence mais il reconnaît pourtant que « à ces questions, il n’est pas de réponses simples, non ambiguës. C’est une chose de prôner une politique active du gouvernement, une toute autre chose de prendre et d’appliquer les mesures qui conviennent » (page 669). C’est là la porte ouverte à l’arbitraire, au clientélisme voire à la corruption, phénomènes dont souffrent beaucoup d’états mêmes développés. Les hommes de l’Etat de tous les pays du monde ont une tendance forte à violer les droits de propriété quand cela va dans le sens de leur intérêt. Qui décidera que telle intervention est bonne et telle autre mauvaise ? Qui sera responsable si les choses tournent mal ?
Nous savons bien que dans nos états démocratiques et contrairement à ce qu’ils arrivent trop souvent à faire croire, l’horizon des hommes politiques n’est pas le long terme mais la prochaine élection.
David S. Landes semble ainsi établir une différence radicale entre des Etats de type totalitaire comme l’empire chinois, l’empire aztèque, l’URSS ou les tyrannies africaines d’inspiration socialiste d’après les indépendances et les Etats développés démocratiques qui peuvent certes parfois aller trop loin dans le protectionnisme ou dans leur nombre de fonctionnaires mais qui fondamentalement sont « bons »...
Et pourtant, les dirigeants de ces démocraties sont responsables du colonialisme, de deux guerres mondiales, ils n’ont pas hésité à commettre des crimes quand ils en ont eu l’occasion (1) et aujourd’hui ne cessent de vouloir régenter nos vies toujours plus précisément... tout à fait comme leurs homologues des systèmes plus franchement totalitaires. Certains diraient que les hommes de l’Etat des pays démocratiques sont plus intelligents et qu’ils ont compris qu’ils pouvaient gagner beaucoup plus sans avoir à construire des camps de concentration...
David S. Landes ne justifie pas sa position étatiste et se contente de l’affirmation que « l’Etat peut faire (fera) certaines choses -la défense, la police - mieux que l’entreprise privée » (page 666). Sur ce sujet central pour un anar-cap, il ne donne aucune précision et n’avance pas le moindre argument.
Le problème de David S. Landes me semble-t-il est qu’il est prisonnier d’une lecture littérale et erronée de l’oeuvre d’Adam Smith « Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776) dont Philippe Simonnot a expliqué dans le chapitre 9 de son livre « L’erreur économique » (Editions Denoël, 2004) tout le mal qu’il faut en penser...
Sylvain
(1) : Juste un exemple : lire l’encadré « Le retour forcé en URSS des prisonniers soviétiques » par Stéphane Courtois et Jean-Louis Panné in « Le livre noir du communisme » (Editions Laffont, 1997, pages 351-354).
Liens :
Un entretien avec David S. Landes paru dans la revue protestante
« Réforme » ICI et un compte-rendu de lecture très favorable par Alexandre Delaigue LÀ.
P.S. : David S. Landes a également publié un remarquable ouvrage sur l’histoire de l’invention des horloges et sur leur rôle dans la naissance du monde moderne. Il s’agit de « L’heure qu’il est » dont l’édition française a été publiée chez Gallimard en 1987.
30.6.04
************************* Jacques de Guenin : « ATTAC ou l’intoxication des personnes de bonne volonté »Institut Charles Coquelin (2004). Préface de Pascal Salin. On peut se procurer ce livre en le commandant à l’Institut Charles Coquelin, 75, rue Claude-Bernard, 75005 Paris en joignant un chèque de 21,50 € à l’ordre de Cefgec. Si vous fréquentez les sites libéraux, vous avez déjà dû entendre parler de ce livre (voir ICI ou LÀ par exemples) mais les livres en français d’inspiration libérale étant quand même assez rares, il ne faut pas laisser passer ce titre. Ce livre a d’abord été rendu possible par les miracles de la micro-édition informatique. Comme les éditions book-e-book dans un autre domaine, l’Institut Charles Coquelin édite des livres qui ne trouveraient sans doute pas leur place chez un éditeur plus classique (1). Jacques de Guenin prend pour cible les idées véhiculées par l’association « ATTAC » et les réfute quasiment une à une. Il examine ainsi notamment l’idée de la taxe dite « Tobin », la crise en Argentine, l’échec patent des politiques étatiques d’« aide au développement » et les OGM. A chaque fois, ses arguments sont solides et le ton est modéré. Pour l’auteur, tout individu est accessible à la raison et peut être convaincu par le libre examen des faits réels. Le tout donne un excellent argumentaire libéral qu’il ne reste plus qu’à faire lire aux militants et aux sympathisants d’ATTAC... En ce qui concerne cette dernière association, je ne suis pas aussi sûr que l’auteur que ses membres ou ses sympathisants sont si bons et si généreux qu’il le dit. Après tout, les exemples de gens ayant réussis à justifier les pires régimes et les pires crimes de l’histoire ne sont pas rares alors justifier la « taxe Tobin »... J’ai du mal à croire au modèle d’une organisation dont les dirigeants sont cyniques et menteurs (beaucoup d’entre eux sont ou ont été communistes) mais dont les adhérents de base sont pleins d’amour pour l’Humanité. Dans une société comme la notre où l’information est disponible pour peu qu’on se donne la peine de la chercher, ce modèle n’est pas satisfaisant. Il faudra revenir sur cette question. Citation : « Dans mes tentatives pour établir des ponts, j’ai eu plutôt plus de succès avec les communistes qu’avec les socialistes. Je ne suis pas sûr de savoir pourquoi, mais le fait est là. » « ATTAC ou l’intoxication... », page 13. Le livre se clôt par un texte intitulé « Savez-vous vraiment ce qu’est le libéralisme ? », texte très pédagogique qui résume bien ce que sont le libéralisme classique ou le minarchisme (texte disponible ICI ou LÀ, merci à RonnieHayek). Je regrette quand même que ce livre ne comporte ni index ni bibliographie (2), ce qui est malheureusement habituel dans l’édition française. Sylvain (1) : les autres titres édités par le même institut sont ICI (merci à wazaa31). (2) : par exemple, la parution cette année du livre de Johan Norberg « Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste » chez Plon aurait pu être signalée.
8.5.04
************************* 2ème partie : Réponse :Voici donc la réponse que j'ai reçue à mon courrier envoyé à Edouard Courtial, député UMP de l'oise le 25 avril 2004 : "Cher Monsieur,
J’ai bien reçu votre courrier en date du 25 avril dernier, qui a retenu toute mon attention.
Il n’est jamais agréable d’apprendre qu’une personne fidèle, pendant de longues années, au parti qu’on représente, n’a plus confiance en ce dernier. Il l’est d’autant moins à un moment où ledit parti a besoin de tous ses soutiens pour faire avancer ses idées.
J’ai tout à fait conscience que, pour de nombreux électeurs de droite, le gouvernement n’a pas engagé assez de réformes et n’a pas été assez loin dans celles qu’il a conduites. Je le déplore d’ailleurs. Mais, il ne faut jamais oublier que la France est un pays très difficile à réformer, tant les socialistes ont établi des gardes-fous pour la rendre « irréformable ».
Le gouvernement Raffarin se heurte à quatre contraintes majeures pour mener à bien les réformes que vous attendez :
- La situation calamiteuse des finances publiques laissée par le gouvernement Jospin : l’audit financier demandé par Raffarin à son arrivée au pouvoir a révélé un déficit de l’Etat de 44,6 milliards d’euros (au lieu des 30 milliards prévus dans la loi de finances 2002), soit un dérapage de près de 50 %. Il faut savoir que ce déficit est supérieur à celui constaté en 1997 (40 milliards d’euros), alors que le gouvernement Jospin a profité d’une croissance sans équivalent.
- La conjoncture économique défavorable : le gouvernement Raffarin n’a pas été gâté par la conjoncture économique : + 0,3 % de croissance en 2003 (à comparer avec une moyenne de près de 3 % pour les 5 années du gouvernement Jospin, gâchée ne raison de mesures aberrantes pour l’économie : passage aux 35 heures, emplois-jeunes...)
- L’influence des médias (surtout télévisuels), qui ne relaient pas suffisamment l’information et ne jouent pas leur rôle pédagogique en faveur des réformes nécessaires à notre pays.
- L’importance de la notion d’acquis social dans notre société.
Dans ces conditions, il n’est pas juste de considérer que l’actuel gouvernement Raffarin n’a pas engagé de réformes fondamentales : la sauvegarde de notre système de retraites en est une. Celle de l’Assurance maladie devrait suivre prochainement.
De surcroît, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, qui semble vouloir montrer le bon exemple à Bercy, le rythme de baisse du nombre de fonctionnaires devrait être augmenté. Cette mesure illustre la volonté de l’équipe en place de moderniser l’Etat : l’introduction d’une prime au mérite dans la fonction publique, la suppression de multiples commissions administratives annoncées récemment par Eric Woerth, la réforme de la Taxe Professionnelle, la nomination d’un interlocuteur fiscal unique pour les entreprises vont également dans ce sens.
Je n’oublie pas naturellement le projet d’un service minimum dans les transports publics auquel vous être très attaché (vous m’avez écrit sur ce thème l’an dernier)(1). Il ne me semble pas qu’il ait été abandonné. En tout état de cause, de nombreux députés UMP, dont je fais partie, veilleront à ce qu’il soit représenté à l’Assemblée Nationale.
En conclusion, je pense qu’il est encore trop tôt pour juger de la qualité du travail effectué par ce gouvernement. Cela devra être fait au terme de la législature.
En espérant que ces éléments de réponse vous feront réfléchir, je vous prie de croire, cher Monsieur, en l’expression de mes sentiments dévoués.
Bien à vous
Edouard Courtial"(1) : allusion à la campagne lancée l’année dernière par l’association « Les contribuables associés » pour demander l’instauration d’un service minimum en cas de grève dans les transports publics, campagne à laquelle j’ai participé. (Note de Sylvain) Réponse à la réponse :Je remercie Edouard Courtial d’avoir pris la peine de me répondre même si je suppose que l’UMP a des argumentaires tout prêts pour répondre aux courriers des électeurs mécontents. Je voudrais à mon tour donner quelques éléments de réponse à la réponse car ce courrier d’un député de la majorité actuelle me paraît significatif et révélateur de l’impasse dans laquelle se sont engouffrés les conservateurs français. La rhétorique de ce message est intéressante. M. Courtial commence par reconnaître que les électeurs « de droite » (comme il dit) ont des raisons d’être mécontents et que lui-même, n’est-ce pas... Il nous explique ensuite pourquoi les choses sont ainsi pour conclure que ces mêmes électeurs ont tort de ne pas faire confiance à ce gouvernement ! Comprenne qui pourra... Revenons sur les « raisons » qui font que le gouvernement ne peut pas réformer aussi vite ni aussi fort qu’il le voudrait. 1 : Le déficit public : j’avoue avoir eu du mal à saisir cet argument, et puis j’ai compris. Pour nos députés, une réforme coûte forcément de l’argent et si les caisses sont vides, on ne peut plus rien faire ! Réformer consiste donc à distribuer des fonds publics à un groupe bien organisé et suffisamment violent pour imposer une « redistribution » à son profit. Que l’état catastrophique des finances publiques impose des réformes afin de baisser les dépenses de l’Etat n’est pas pensable. 2 : La faible croissance : nous sommes là dans ce qui est un grand mystère pour nos élus. Parfois il y a de la croissance, parfois il n’y en a pas et dans ce cas, c’est la faute à pas-d’chance. Que voulez faire contre ça ? Que la liberté, et d’abord la liberté d’entreprendre soit le grand moteur du développement économique n’est pas venu aux oreilles de nos élus chiraquiens. P.S. : si le passage aux 35 heures est une « mesure aberrante pour l’économie », et c’est Edouard Courtial, député UMP de l’Oise qui le dit, qu’attend donc ce gouvernement pour supprimer purement et simplement cette loi ? En fait, pour la droite, toute réforme de gauche, autrement dit tout nouveau pas collectiviste dans l’organisation de la société devient un « acquis social » quand la droite revient au pouvoir et en tant que tel, il n’est pas question d’y toucher. A moins bien sûr que certains lobbies proches du pouvoir obtiennent des aménagements qui leur soient favorables. Morale, vous avez dit morale ? 3 : Les médias : le rôle des médias devrait donc être de relayer et d’expliquer l’action du gouvernement ? L’Etat contrôle pourtant une bonne partie du secteur audiovisuel français. Quel est donc le problème ? Nous savons bien que l’immense majorité des journalistes sont « de gauche » et que pour eux, de toute façon, le gouvernement Raffarin aura toujours tort. Si le gouvernement passait plus de temps à réformer et moins de temps à tenter de convaincre des gens qui lui seront toujours hostiles, la population verrait la différence. Une proposition : privatiser l’ensemble du secteur public de l’audiovisuel, déréglementer l’ensemble du secteur et laisser le marché (c’est-à-dire les clients, autrement dit la population...) jouer son rôle. On verra alors si la gauche conserve son leadership actuel sur les esprits. (On pourrait d’ailleurs faire la même chose dans d’autres domaines, dans l’éducation ou dans les transports notamment.) 4 : La notion d’« acquis social » : il est vrai que ce « concept » est très présent en France. Il est bien pratique pour masquer ce qui relève du vol et de la défense inconditionnelle des privilèges que certaines catégories sociales font supporter à la collectivité. Ces groupes particulièrement bien organisés sont prêts à se battre (au propre et au figuré, voir la mentalité quasiment terroriste des intermittents ou des agriculteurs par exemple) pour conserver ces avantages indus. On pourrait espérer des députés de droite qu’au minimum, ils ne partagent pas cette « notion d’acquis social » mais il ne faut pas oublier qu’ils ont leurs propres clientèles électorales à satisfaire... En conclusion, je me souviens que dans les années 80, quand François Mitterrand était président de la république, les électeurs de gauche étaient souvent mécontents et pris à rebrousse-poil par les gouvernements socialistes de l’époque. Et les réponses qui étaient faîtes ressemblaient beaucoup à ce que nous dit Edouard Courtial aujourd’hui. On expliquait que la droite avait laissé la France dans un état lamentable, qu’il fallait d’abord redresser la situation avant de poursuivre les réformes socialistes que le pays attendait, que les médias sans doute vendus à la droite n’expliquaient pas assez les réformes, etc. Rien de nouveau sous le soleil (noir) des Hommes de l’Etat. Sylvain Liens :- « Un bilan économique : un an après la réélection de Chirac » par Pascal Salin.- « Pourquoi je ne suis pas un conservateur » par Friedrich Hayek.P.S. : En relisant la lettre envoyée par M. Courtial, je m’aperçois de quelque chose d’autre qui est assez frappant : l’incertitude. Relisons : « Celle (la réforme) de l’Assurance maladie devrait suivre prochainement. » « ...Nicolas Sarkozy, qui semble... » « Il ne me semble pas qu’il ait été abandonné... » Edouard Courtial, député de la majorité ne sait pas quels sont les projets du gouvernement qu’il aura à examiner dans les mois et les années qui viennent. Mais les ministres en savent-ils beaucoup plus que lui ?
25.4.04
************************* 1ère partie : Ecrivez à votre député UMP !Mal-pensant a écrit à son député et a publié sa lettre sur le forum liberaux.org. Son texte est excellent et exprime bien ce que nous sommes certainement nombreux à ressentir après les résultats des dernières élections régionales en France. Je l'ai très légèrement modifié et je l'ai envoyé à mon tour à mon député. Voici ma lettre : Nogent sur Oise, le 25 avril 2004 A Monsieur Edouard Courtial, député
Monsieur le député,
Suite à la déroute de l’UMP aux élections régionales, je vous écris pour vous faire part de mon inquiétude, et de ma colère. Inquiétude quant à la façon dont l’UMP qui dispose de tous les pouvoirs, conduit les affaires de la nation. En effet, il apparaît après 2 ans d’exercice du pouvoir, que les réformes indispensables n’ont été que très partiellement ou pas effectuées. Par ailleurs, l’économie nationale est atone, alors que bien des pays autour de nous, accumulent les bonnes performances parce qu’ils ont eu le courage de réformer. Colère quant aux reculades qui ont commencé (chercheurs), et à celles à venir (intermittents, décentralisation, etc…). Je ne doute pas un seul instant qu’il y en aura d’autres, alors que l’état du pays demande des réformes urgentes. Autre exemple, qu’est devenu le projet d’instaurer un « service minimum » dans les transports publics ?
Dans ces conditions, je vous informe que je ne voterai plus pour l’UMP à l’avenir. En effet, je ne vous ai pas mandaté pour soutenir une politique social-démocrate, alors que la gravité de la situation exige de toute urgence une inflexion libérale de la politique gouvernementale. La seule chose qui pourra me faire revenir sur cette décision, c’est un changement total de politique dans un sens plus libéral, et l’action d’un gouvernement courageux et ferme, qui n’hésiterait pas à défendre ses idées jusqu’au bout, sans céder aux porteurs de pancartes et autres lobbies.
Pour finir, je pense, Monsieur le député, que la politique de la majorité depuis deux ans, la conduit inexorablement à perdre les élections de 2007. Il est plus que temps que le député de base que vous êtes, fasse avec ses collègues les plus lucides et courageux, remonter le mécontentement des électeurs au sommet de l’UMP. J’attends de vous que vous soyez au service de la nation et non d’hommes en place depuis plusieurs décennies qui sont aujourd’hui largement discrédités.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le député, l’expression de ma haute considération.
Sylvain (...)
20.4.04
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Actualité : « Urgesat ! » a un an !
C’est donc le 20 avril 2003 que ce blog est né.
Au départ, il ne s’agissait que de brefs comptes-rendus de lecture publiés initialement sur le forum liberaux.org. Le problème est qu’au bout d’un certain temps, les fils de discussion disparaissent car la capacité d’un forum est forcément limitée. Les plus anciens et les moins actifs des fils sont donc effacés. J’ai voulu sauver cette contribution au débat d’idées et à la défense des idées libérales.
L’exemple m’a été donné par mes amis Zek, Constantin et Mélodius qui ont d’abord créé leurs propres blogs consacrés à l’actualité et à la réflexion. Nous n’étions certes pas les premiers et les blogs libéraux et libertariens foisonnent désormais sur le net. Ils montrent la vitalité de cette philosophie politique même ici dans le monde francophone.
Quelques jours après le 20 avril, j’ai créé « Urgesat ! Science Fiction » et « Urgesat ! Education ». Je trouve très positive cette organisation en blogs thématiques même si une certaine dispersion rend les mises à jour un peu espacées. Mais comme mon but n’est pas de coller à l’actualité - d’autres font ça bien mieux que je pourrais le faire - cela ne me semble pas gênant. Je dirais même qu’au contraire, ce que j’aime le plus, c’est de parler d’un livre ou d’un auteur dont l’oubli actuel me semble injuste.
Je profite donc de cette occasion pour remercier Fabrice sans qui rien n’aurait été possible, Mélodius et Constantin qui m’ont beaucoup appris et Zek dont je regrette l’éloignement idéologique.
Sylvain
5.4.04
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Actualité : contre la LEN :
Du 29 mars au 4 avril, Urgesat ! a protesté contre le projet de loi sur l'économie numérique (LEN) et a participé à la grève des sites organisée par la ligue Odebi à l'occasion de la "fête de l'Internet". Urgesat !, Urgesat ! Education et Urgesat ! Science Fiction ont également participé à l'opération "Google Bombing" contre cette même "fête de l'Internet".
(Je sais bien que ce mouvement est quelque peu naïf(?). Expliquer que les députés et les sénateurs ne sont pas des "familiers d'Internet" et qu'ils ne comprennent pas bien les enjeux de cette loi ne me semble pas sérieux. Comme si nos chers (si chers...) élus et ministres avaient besoin des pressions de l'industrie du disque pour imaginer et voter une loi liberticide !
Mais enfin, si un projet de loi visant à contrôler encore un peu plus nos vies est abandonné, ce sera toujours un petit pas dans la bonne direction...
Sylvain)
20.1.04
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Actualité : marche pour le capitalisme.
Sous l'égide l'Institut Prodos, une Marche pour Célébrer le Capitalisme a eu lieu à Bruxelles le Dimanche 7 décembre 2003.
Pour en savoir plus cliquez ICI ou LÀ.
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