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Yves Montenay : "Le mythe du fossé nord-sud"
Sous-titre : Comment on cultive le sous-développement.
Editions Les Belles Lettres (2003).
Face au flot continu de textes nous expliquant combien la mondialisation libérale est diabolique et combien les Occidentaux sont méchants, il paraît de temps en temps un livre nageant à contre-courant (si j’ose dire). C’est le cas ici de cet essai sur les causes du maintien dans la pauvreté et le sous-développement d’une grande partie de l’humanité.
Pas de scoop dans cet ouvrage car les causes de la misère sont connues.
En tout premier, l’idéologie socialiste des élites formées en Occident de nombreux pays lors des indépendances. De nombreux pays du Tiers-Monde paient encore aujourd’hui les méfaits de la collectivisation de l’agriculture par exemple (Ethiopie, Algérie, etc.).
En deuxième, l’éducation, quand elle existe, trop souvent traditionnelle voire traditionaliste alors que le développement ne peut se faire sans ouverture au monde extérieur.
En troisième, la « mauvaise gouvernance » c’est-à-dire les comportements prédateurs des hommes de l’Etat : prévarication, corruption, incompétence, détournements de fonds qui sont courants dans les pays les plus pauvres.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer le poids de la guerre et donc l’importance démesurée des dépenses d’armement qui saignent à blanc certains pays.
Yves Montenay s’attaque bien sûr (c’est la première partie de son livre) aux mythes tiers-mondistes qui font la fortune des gauchistes et des anti-mondialistes de chez nous. Non, le capitalisme n’apporte pas la misère, au contraire. Non, le commerce dit « équitable » n’est pas la solution, il ne ferait qu’encourager la stagnation des techniques et l’arrêt de l’innovation et nourrir une bureaucratie déjà pléthorique.
A noter un excellent chapitre quatre sur le problème du supposé surpeuplement.
Là où l’auteur me semble faible, c’est dans une certaine idéalisation de l’Occident et des Etats qui nous gouvernent. Certes, nous vivons dans l’ensemble assez bien, mais la misère et le chômage existent aussi chez nous. Le poids croissant de l’Etat, son interventionnisme constant, ses lois de plus en plus liberticides portent en eux le déclin et le blocage progressif de ce capitalisme qui nous a fait tant de bien.
Tel quel et sur le thème précis du sous-développement, ce livre est une bonne introduction à une pensée libérale qu’on aura trop vite fait d’étiqueter « de droite ». Yves Montenay sait de quoi il parle et comme tous les libéraux il est profondément sensible à la vraie vie des vrais gens. Son essai semblera donc non-conformiste à beaucoup et ouvrira donc des perspectives intéressantes.
Les libertariens quant à eux souligneront les limites conceptuelles de l’exercice et appelleront Yves Montenay à aller jusqu’au bout de son raisonnement. Mettre en cause l’Etat prévaricateur c’est bien, constater que tout Etat par définition est prévaricateur, c’est mieux.
Sylvain